Ce qu’est vraiment un démuni
Par Cheikh Hamdane – On se demande comment la LADDH a calculé le nombre des démunis en Algérie et trouvé le chiffre de 1,6 million ? Question qui mérite une réponse claire et nette. Si nous nous référons aux critères qui définissent la précarité, nous serons devant 10 millions de démunis. Car ceux qui n’arrivent pas à manger 250 grammes de viande ou un poulet par semaine sont des démunis. Ceux pour qui Sidi-Saïd de l’UGTA, censé défendre leur cause, a validé le SNMG à 18 000 DA sont des démunis. Ceux qui depuis l’arrivée au pouvoir de Bouteflika se sont appauvris après avoir perdu leur gagne-pain dans la tempête de la privatisation sauvage, validée par un certain Temmar, sont des démunis. Ceux qui ne mangent plus de sardine, laquelle est destinée à l'assiette des Européens et Chinois sont des démunis. Ceux qui ont terminé leurs études dans les universités et qui ne possèdent pas de piston pour un éventuel recrutement au sein d’un des instituts censés être ouverts pour les enfants du peuple sont des démunis. Les jeunes journalistes qui se font payer au filet social de Si Sellal sont aussi des démunis. Ceux qui trouvent cet article à leur goût et qui commentent en ajoutant un plus sont vraiment des démunis. Ceux qui consomment le lait en sachet dont la composante en eau est supérieure aux normes sont des démunis. Ceux qui se sont arrêtés de consommer de la viande surgelée après l’augmentation de son prix sont aussi des démunis. Ceux qui se réveillent à l’aube le jour du paiement des retraites et qui se font humilier devant les guichets d’Algérie Poste sont des démunis. Ceux qui ont répondu présents pour combattre le terrorisme et se sont sacrifiés, pendant que les lâches se sont cachés ou fui à l’étranger, sont des démunis. Enfin, ceux qui, aujourd’hui, font mille calculs pour le mois sacré du Ramadhan, qui est à nos portes, pour trouver une solution sont des démunis. Et la liste demeure ouverte. Alors, si on calculait le nombre de ces démunis, dont nous faisons partie, nous serions dix millions. Une force considérable qui, malheureusement, demeure silencieuse, par respect ou par lâcheté ! Si elle bouge quelques heures, elle fera changer sans doute la situation, non pas pour recevoir le couffin du Ramadhan, mais pour vivre dignement «fi blad el-izza wal karama».
«Ângar tarbochek ya Bâ !»
C. A.
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