Tout sauf terroristes !
Par Kamel Moulfi – Le lexique de l'agence Reuters exclut le terme terroriste qui existe pourtant en anglais. Dans la dépêche de son bureau d’Alger sur l’opération militaire menée, ces derniers jours, par l’Armée nationale populaire dans la wilaya de Bouira, «terroriste» est remplacé par «militant» et, à défaut, certainement pour éviter les répétitions, par «combattant» et «insurgé». Des criminels qui se drapent de religion pour commettre leurs actes condamnables se voient ainsi «gratifiés» d’un statut de «militant», «combattant» et «insurgé», qui leur donne implicitement une légitimité et justifie ouvertement leurs crimes. Plusieurs titres français ont profité de cette grave dérive sémantique ; en fait, c’est une véritable aubaine qui a été offerte par l’agence Reuters aux médias qui veulent dénaturer l’action des forces de sécurité algériennes et dévaloriser ainsi leur exploit traduit dans le grand nombre de terroristes éliminés et l’important lot d’armes saisies au cours de leur opération de qualité engagée près de la localité de Ferkioua, dans la wilaya de Bouira. Pour ne pas rater l’information qui avait commencé à circuler depuis la veille, rapportée par des médias algériens à partir de fuites de sources sécuritaires, le bureau Reuters d’Alger a anticipé sur le communiqué officiel du ministère de la Défense, et dans sa dépêche reprise par les quotidiens français, on lit des termes pour le moins inappropriés et manquant totalement de la rigueur journalistique que commande la déontologie du métier. Une rigueur dont a fait preuve le bureau d’Alger de l’agence chinoise Xinhua qui a diffusé l’information en reprenant le communiqué du ministère de la Défense nationale, nommant clairement les terroristes, et l’a complété par des précisions «selon des médias locaux» et par le rappel du kidnapping du touriste français Hervé Gourdel «le 21 septembre 2014 par un groupe terroriste local affilié à l'Etat Islamique, avant d'être décapité trois jours plus tard». L’agence Reuters a choisi d’écrire autrement. Y a-t-il dans la ligne éditoriale de cette agence une charte rédactionnelle qui rend compatibles les notions de terroriste et de militant ? Si c’est le cas, elle ne peut être inspirée que par le même opportunisme qui a été à la base de la campagne «qui tue qui» dans les années 1990, contre l’Algérie. A l’époque, pour les adeptes du «qui tue qui», les terroristes étaient présentés comme des «résistants».
K. M.
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