Hillary Clinton : «Les donateurs en Arabie Saoudite sont la source la plus importante du terrorisme»
Qui mieux que les Américains connaissent les Saoudiens ? Et parmi les Américains, l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton est sans doute une des plus habilitées à en parler. Ce qu’elle écrivait en décembre 2009, dans un câble secret dévoilé par WikiLeaks [09STATE131801], est un véritable acte d’accusation : «Les donateurs en Arabie Saoudite constituent la plus importante source de financement des groupes terroristes sunnites dans le monde entier». La future candidate à la présidentielle américaine de 2016 répond ainsi aux Saoudiens, à la place de l'Algérie, indirectement. Elle n’est pas la seule. Le Dr Yousaf Butt, un conseiller senior auprès du Conseil américano-britannique de l’information sur la sécurité et directeur à l’Institut de l’intelligence culturelle, cité par Huffpost.com, le 20 janvier 2015, révélait, juste après l’attaque terroriste contre la rédaction de l’hebdomadaire Charlie Hebdo à Paris, que «d’autres câbles publiés par WikiLeaks décrivent comment les sociétés-écrans saoudiennes sont également utilisées pour financer le terrorisme à l’étranger». En fait, pour tous les spécialistes du terrorisme, la source de l’endoctrinement et du fanatisme qui alimentent les groupes criminels est le wahhabisme et elle se trouve en Arabie Saoudite. Pour Hillary Clinton, «l’Arabie Saoudite reste une base de soutien financier essentiel pour Al-Qaïda». Les faits sont tellement têtus à ce propos, que l’ancienne secrétaire d’Etat ne pouvait pas cacher la vérité malgré les cadeaux que n’ont pas manqué de lui offrir les Saoudiens, comme l’argent versé à la Fondation, créée avec son mari Bill Clinton, qui a reçu d’Arabie Saoudite un don évalué entre 10 millions et 25 millions de dollars depuis la création de cette fondation en 1997. D’ailleurs, au passage, notons que le sénateur Rand Paul, candidat à l'investiture de son parti, a appelé la fondation Clinton à rendre l'argent versé par l'Arabie Saoudite. Autre cadeau royal : en 2012, le roi de l’Arabie Saoudite, Abdallah Ben Abd El-Aziz, a offert des bijoux – façonnés dans de l’or blanc et incrustés de rubis et de diamants, précisent plusieurs sources – d’une valeur excédant les 500 000 dollars, à Hillary Clinton. En 2012, elle était à la tête du département d’Etat. Mais, pour Hillary Clinton, la vérité doit être dite, et cette vérité accable les dirigeants saoudiens qui, comble du ridicule, n’ont pas hésité à s’en prendre à l’Algérie, modèle reconnu dans le monde en matière de lutte antiterroriste, grâce à l’alliance solide créée entre l’armée et le peuple algériens dans cette lutte. Par diplomatie ou pour une autre raison, les autorités algériennes n’ont pas voulu réagir à l’hostilité déclarée des dirigeants saoudiens, avec la vigueur attendue par l’opinion publique dans notre pays. Pourtant, en puisant dans les câbles secrets publiés par WikiLeaks, ils auraient eu l’embarras du choix pour dire sa vérité à ce pays pourvoyeur de terroristes pour Daech et Al-Qaïda. Ils ont préféré minimiser l’incident et l’imputer à l’exagération, voire la désinformation, de «certains médias». «Une tempête dans un verre d'eau sans fondement aucun», a commenté le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. Toutefois, en lisant entre les lignes, on peut trouver une petite dose de fermeté dans la réaction algérienne, exprimée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, qui, tout en rappelant que le dossier de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme figure en tête des engagements internationaux de l'Algérie, a tenu à faire savoir que ce dossier «n'est pas de nature à être traité à un niveau bilatéral avec aucun pays arabe ou autre, et ne le sera point».
Houari Achouri