Parti ou montgolfière ?
Par Houari Achouri – Après avoir tenté de rallier «et les uns et les autres», c'est-à-dire le pouvoir et l’opposition, se plaçant dans une position d’arbitre de la scène politique algérienne que personne ne lui a accordée ni reconnue, le FFS établit le constat d’échec de sa démarche de «consensus national» et revient à sa case départ, du moins la deuxième, celle qui a commencé après sa légalisation en 1989. Il s’en était éloigné alors qu’elle présentait pour ses dirigeants tout le confort nécessaire à une ligne politique qui, sous des dehors d’indépendance et d’originalité, permet de pratiquer l’opportunisme à bon prix. Dans sa déclaration d'hier, ce parti a fait un virage à 180° en basculant à nouveau dans l'opposition au pouvoir en place, après avoir flirté avec lui le temps d'une initiative avortée de réconciliation parallèle. Le FFS, finalement, n'est qu'un jouet entre les mains de Hocine Aït Ahmed qui s'en est servi depuis sa création au gré des alliances et des «désalliances», nommant et dégommant les premiers secrétaires selon la direction du vent. Au début, ce fut le plein cap sur la démocratie ; en 1991, ce fut le fameux «ni Etat islamiste ni Etat policier» ; l'année d'après, il se jetait dans les bras du FIS par opposition à l'armée envers laquelle il nourrit une haine aussi viscérale qu'inexplicable ; en 1999, ce fut l'hostilité ouverte contre Bouteflika après le retrait de tous les candidats rivaux de la course à la présidentielle ; au début du quatrième mandat de Bouteflika, il s'est rapproché de lui dans une tentative désespérée de revenir sur le devant de la scène en suivant le chemin inverse du RCD ; et, enfin, revoilà le FFS revenu dans le giron de l'opposition. Ira-t-il jusqu'à rejoindre la CLTD où siègent également ses anciens alliés du FIS ? Pourquoi pas, il suffit d’opérer un changement à la tête du parti, d’y placer un dirigeant enclin au clash avec le pouvoir et, bien sûr, plus radical que Nebbou qui s’acharne à être consensuel. Seulement, cette fois, il manquera l’autorité de Hocine Aït Ahmed pour imposer le choix qu’il faut sans avoir à le justifier. Et la vieille garde aussi est absente du parti. Alors, où ira le FFS ?
H. A.
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