Bahbouha(*)
Par M. Aït Amara – Bahbouha.C’est le mot que le Président fraîchement élu avait inventé pour inviter les Algériens à renfiler leur pyjama, retourner au lit et le laisser faire à leur place. A l’époque, il pleuvait des dollars et le cours du baril atteignait des prix jamais enregistrés depuis l’indépendance du pays. Les caisses qui avaient été vidées une décennie auparavant par la gestion calamiteuse du tandem Chadli-Brahimi avaient commencé à se remplir à la vitesse du pétrole giclant au ciel à sa sortie du ventre du généreux Sahara algérien. Le pouvoir s’était alors retroussé les manches pour introduire les mains dans le récipient et en puiser plus de dollars qu’il n’en rentrait, jetant l’argent par les fenêtres restées fermées durant de longues années à cause d’un terrorisme sournoisement alimenté de l’extérieur et qui avait pris en otage tout un peuple et assiégé tout un pays. Les mauvais choix stratégiques associés à une gloriole surfaite ont eu l’effet d’un anxiolytique marié à l’alcool : somnolence et trouble de la mémoire. Le pouvoir a, par la suite, augmenté la dose jusqu’à passer des tranquillisants aux décisions euphorisantes qui avaient donné une sensation de prospérité factice aux Algériens au sortir de dix longues années de violence. Mais cette thérapie, qui soulageait les symptômes mais non les causes, a fini par engendrer une myopathie invalidante et une accoutumance à la facilité. Confiées à des gens généralement incompétents et choisis sur présentation de l’extrait de naissance et des résultats d’analyse de la «loyautémie» (taux de loyauté dans le sang), les affaires publiques ont peu à peu été abandonnées à l’autolâtrie et à la rapine qui ont enfanté une corruption endémique qu’on fait mine de vouloir combattre en prescrivant des placebos à la place des vrais remèdes. Le temps des vaches grasses était déjà révolu avant même que les milliards du pétrole n’inondent nos chimères. Que faisons-nous hormis transformer une richesse souterraine tarissable en billets de banque verts sans valeur créés dans la foulée d’une escroquerie monétaire mondiale ? Nous poursuivons assidûment le traitement hypnogène qu’on nous administre depuis 1999 à ce jour.
M. A.-A.
(*) Aisance financière.
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