Hors champ
Par Kamel Moulfi – Les 200 cadres du FLN qui se sont rassemblés lundi devant le siège national du parti à Hydra n’étaient pas là pour s’inquiéter des jours difficiles qui attendent le peuple algérien face à la crise inévitable dont les signes commencent à apparaître dans les indicateurs économiques habituellement brandis pour faire croire à la bahbouha (aisance financière) et justifier la gabegie, et qui ont changé de couleur subitement. Au moment où ailleurs, dans les pays qui ont une vraie classe politique, les oppositions se battent principalement sur les questions économiques et sociales et mobilisent leurs «troupes» pour agir sur ce terrain, chez nous, c’est toujours la dimension politique qui l’emporte. C’est ainsi, en Algérie, la course vers le koursi ne passe pas par les préoccupations des gens, mais par le discours creux que plus personne n’écoute. Depuis près de quatre ans, le FLN maintient la diversion créée par les luttes qui le déchirent avec pour vedettes d’anciens dirigeants de l’ex-parti unique qui n’ont pour raison de s’exprimer que la revendication du départ de Saïdani qu’ils ont eux-mêmes placé en dégageant Belkhadem. Qui, parmi les Algériens, s’intéresse à cette bataille du FLN menée «hors champ» ? Force est de noter, par ailleurs, que le peuple est démobilisé y compris pour les questions vitales qui touchent son avenir immédiat. Faut-il rappeler que, dans notre pays, quasiment tout est importé, d’abord pour la subsistance journalière, mais aussi pour la marche des usines et que, quasiment aussi, l’argent qui nous sert à acheter tout ça de l’étranger vient du pétrole dont le prix sur le marché mondial offre de moins en moins cette manne financière ? Oui, la bahbouha fictive est finie. C’est Abdelmalek Sellal, dans son premier discours après le remaniement de son gouvernement, qui semble le découvrir et s’empresser de le faire partager à une opinion publique qui le savait déjà : les perspectives plutôt sombres sur le marché pétrolier ont mis le pays dans une situation «délicate». Evidemment, le constat est faux, c’est la mauvaise gestion des deniers publics qui est la source des problèmes que commence à connaître le pays et qui risquent d’aller en s’aggravant.
K. M.
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