Abdelkader Bensalah s’en va et Ahmed Ouyahia arrive : révolution de velours au RND
Ahmed Ouyahia s’apprête à reprendre la direction du Rassemblement national démocratique (RND) qu’il a quittée le 3 janvier 2013. L’actuel secrétaire général, Abdelkader Bensalah, décide de renoncer à son poste en raison de ses engagements importants en tant que président du Conseil de la nation, et donc deuxième personnage de l’Etat, qui représente de plus en plus le chef de l’Etat dans des rencontres internationales, et accueille également les nombreux chefs d’Etat et hauts dirigeants étrangers qui viennent en visite en Algérie. Elu en décembre 2013 au poste de secrétaire général, Abdelkader Bensalah peine à assumer pleinement sa fonction au sein du RND. Abdelkader Bensalah a été hésitant, dès le départ, à prendre la responsabilité à la tête du parti. Car il connaît les exigences de ce poste. Mais il n’avait pas vraiment le choix. Il fallait combler le vide laissé par la démission d’Ahmed Ouyahia et veiller au fonctionnement normal de ce parti pas comme les autres. Ce qu’il a réussi à faire. Sauf que poursuivre sa mission au sein du RND nécessite plus de disponibilité et d’engagement. Or, Abdelkader Bensalah est de plus en plus sollicité en tant que numéro deux de l’Etat à remplacer le président Bouteflika dans de diverses cérémonies. Et qui d’autre pourrait le remplacer, hormis Ahmed Ouyahia qui a réussi, après un léger retrait, à faire son come-back en revenant aux affaires de l’Etat par la grande porte ? Aujourd’hui ministre d’Etat et directeur du cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia a fait un retour tonitruant à la veille de la campagne électorale pour un 4e mandat. Une campagne à laquelle il a grandement participé en tenant des meetings et accordant des interviews à des chaînes de télévision algériennes et étrangères. Bien qu’en retrait, Ahmed Ouyahia garde son capital sympathie au sein du RND. Les participants au 4e congrès en décembre 2013 lui avaient rendu un hommage appuyé et à ce qu’il avait accompli au sein du parti. Véritable commis de l’Etat, Ahmed Ouyahia s’entend parfaitement avec Abdelkader Bensalah. Si Bensalah démissionne, c’est parce qu’il est certain que le parti se retrouvera «entre de bonnes mains». Autrement dit, il n’y a pas de courant anti-Bensalah au sein du parti ni même des anti-Ouyahia, en ce sens que la totalité des membres du conseil national applaudit d’ores et déjà son retour annoncé. Nouria Hafsi, qui a annoncé aujourd’hui l’envoi de Bensalah de sa lettre de démission au secrétariat national, affirme que la voie s’ouvre devant le retour d’Ouyahia, son ancien «ennemi juré». Une chose n’est pas encore connue : Ouyahia va-t-il reprendre la tête du RND et renoncer à sa fonction de directeur du cabinet de la présidence de la République, un poste stratégique dans une période où le chef de l’Etat est physiquement affaibli ? On le saura d’ici le 10 juin prochain, date prévue pour le conseil national du parti.
Rafik Meddour