Face aux enjeux géostratégiques en Afrique du Nord : l’Algérie un acteur majeur
Par Abderrahmane Mebtoul – L'Algérie a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières et faire face à l'instabilité chronique de l'autre côté des frontières dont les événements récents confirment la continuelle aggravation. L'ANP et les services de sécurité se déploient actuellement le long des frontières est et sud-est et effectuent régulièrement des opérations de ratissage avec une couverture aérienne qu'assurent des pilotes de la gendarmerie et de l'ANP, et ce, dans le cadre d'une coopération étroite avec les pays limitrophes, l'Europe, dont la France, et les Etats-Unis d'Amérique, car la menace terroriste est une menace planétaire. Pour le directeur du FBI, James Comey, en date du 14 novembre 2013 devant le Congrès, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) constitue une forte menace aux intérêts américains et occidentaux dans la région de l'Afrique du Nord et du Sahel. Pour le directeur du Centre américain du contre-terrorisme, Matthew Olsen, dont les services dépendent du directeur du renseignement national des Etats-Unis (DNI), devant la commission sénatoriale que si l'intervention militaire conduite par la France au Mali a permis de chasser Aqmi et ses alliés des villes qu'ils contrôlaient auparavant, ces groupes arrivent, cependant, à trouver refuge dans les zones les moins peuplées du nord du Mali et continuent à commettre des attaques de représailles. Pour Mme Amanda Dory, la secrétaire adjointe chargée des Affaires africaines auprès du département américain de la Défense, intervenant devant la sous-commission des affaires de l'Afrique du Nord et Moyen-Orient relevant de la commission des Affaires étrangères du Sénat, qui a consacré une audition sur la situation politique, économique et sécuritaire en Afrique : «Par sa situation géographique stratégique au Maghreb et sa longue histoire de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent sur son territoire, l'Algérie constitue un pilier pour, non seulement, lutter contre Aqmi et ses groupes affiliés, mais aussi pour ramener la stabilité dans la région.» Ainsi, l'Algérie est considérée comme un acteur incontournable pour la stabilité de la région mais devant, pour une efficacité réelle, résoudre les problèmes de développement interne avec la chute du cours des hydrocarbures et parallèlement intensifier la coopération internationale contre ce fléau planétaire. Dorénavant, la plupart des dirigeants de l'Afrique du Nord, de l'Afrique noire, de l'Europe, des Etats-Unis d'Amérique, ainsi que de la Russie et de la Chine, s'accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé. Il s'agit de mettre l'accent sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet l'Europe et les Etats-Unis. Et ce, comme cela a été mis en relief lors de la 22e conférence régionale africaine internationale d'Interpol tenue à Oran (Algérie) en septembre 2013, où la résolution finale stipule l'urgence d'une coopération tant africaine que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale avec l'implication de chacun des bureaux centraux nationaux d'Interpol des 190 pays membres, nécessitant une amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions pèse lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques, notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. A terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. C'est dans ce cadre que rentrent les tentatives pour redynamiser le dialogue euro-méditerranéen avec deux initiatives : d'une part, la politique européenne de voisinage ; d'autre part, le partenariat stratégique entre l'Union européenne d'un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l'autre afin de freiner l'émigration massive notamment de l'Afrique subsaharienne avec comme tampon pilier le Maghreb. D'une manière générale, sur le plan militaire et géo-stratégique, c'est à travers les activités du groupe dit des «5+5» que peut être appréciée aujourd'hui la réalité d'une telle évolution. C'est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la crime organisé à travers la drogue et le blanchissement d'argent. Par ailleurs, selon la commission de Bruxelles et le Parlement européen plus globalement l'Europe et la zone méditerranée, il s'agit de faire bloc, de rapprocher les Européens et leurs voisins immédiats. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales. D'une part, la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l'Otan , d'autre part, la coopération en matière de lutte contre le terrorisme entre le Maghreb et l'UE dans le cadre de la PESD.
A. M.
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