Lettre à Abdelkader Bensalah

Par Rabah Toubal – Abdelaziz Bouteflika vous a lâché afin de passer, par-devers lui, le témoin à son ennemi intime, Ahmed Ouyahia, l'heureux candidat du consensus qui aurait été atteint au sommet de l'Etat algérien. En contrepartie, Ouyahia se serait engagé à ne pas poursuivre Bouteflika pour sa gouvernance catastrophique de notre pays, depuis avril 1999 notamment, dont il est lui aussi responsable d'ailleurs. Fidèle parmi les fidèles d'Abdelaziz Bouteflika, vous avez exécuté sans broncher son ordre de céder la présidence du RND à Ahmed Ouyahia et, comme l'Administration, Amar Saïdani, Amar Ghoul, Amara Benyounès et d'autres formations politiques plus ou moins anonymes ainsi que les protégés, obligés et serviteurs zélés du clan présidentiel, vous allez sans aucun doute faire campagne pour Ouyahia, l'homme que vous aviez pourtant chassé manu militari de la présidence du RND, il y a moins de deux ans, et que votre homme lige, Miloud Chorfi, avait précipitamment qualifié de «cadavre politique». Comme beaucoup de ceux et celles que Bouteflika a lâchés avant vous, vous devriez vous mordre les doigts aujourd'hui, n'est-ce pas ? En effet, on ne sert pas impunément un homme bourré de complexes et imbu de sa personne au point de nourrir l'incroyable prétention de pouvoir diriger correctement un pays au mépris du respect et de la dignité de l'homme et du poste qu'il occupe, et qui pratique une fuite en avant suicidaire grosse de tous les risques pour la cohésion, la stabilité, la sécurité et l'unité nationales. Fatalement, un jour ou l'autre il vous lâchera sur le chemin sinueux de sa folle ambition. C'est, hélas !, aujourd'hui le cas pour vous et ce sera demain le cas pour d'autres, tels que Amar Saïdani, que Bouteflika, contrairement à vous, juste le temps de lui faire accomplir une dernière douteuse mission ou une ultime sale besogne, comme dirait votre illustre remplaçant à la tête du RND, qui sait pertinemment de quoi il parle.
Adieu Si Abdelkader !
R. T.

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