Etudiants ou prédicateurs ?
Par Karim B. – Les échos qui nous parviennent de la faculté de droit d’Alger nous ramènent trente ans en arrière, lorsqu’au milieu des années 1980, les afghans algériens rentraient de ce pays lointain et imposaient par l’intimidation et les armes leur vision étriquée de l’islam. Une nouvelle génération d’intégristes a réinvesti l’université où elle mène une campagne insidieuse, pacifiste en apparence, mais qui, en réalité, s’assimile à un véritable harcèlement moral et représente une atteinte à la vie privée des étudiants. Des appels à porter le voile ont commencé sur les réseaux sociaux et ont été introduits au sein même des campus. Il est «conseillé» aux étudiantes de se «conformer aux préceptes de l’islam», jugeant que le harcèlement est un «devoir civique». Ces actions ignorées ou tolérées par les responsables interviennent parallèlement à une campagne lancée sur les réseaux sociaux, lesquelles appellent les maris et les pères de famille à couvrir leurs femmes et leurs filles d’un tchador importé de Peshawar. S’ils n’acquiescent pas, ils sont considérés comme des dayouthsqui «approuvent» que celles-ci «s'adonnent à la dépravation» (sic). A ces agissements dangereux, s’ajoute une campagne sournoise menée par certains partis islamistes «intégrés» au système politique, dits modérés, qui s’acharnent sur le ministre du Commerce sur fond d’autorisation d’importation de boissons alcoolisées. Cette campagne est conduite par les intégristes du MSP, que dirige Abderrezak Mokri, dont le discours est emprunté au FIS dissous dans l’espoir de se replacer sur l’échiquier politique national en prévision des échéances à venir, en ralliant les anciens militants de ce parti fasciste qui a poussé le pays vers les abysses du terrorisme barbare. Ayant perdu sur le terrain militaire, les intégristes reviennent à leurs anciennes méthodes, fondées sur la persuasion par la terreur, comme ce fut le cas lors des élections du début des années 1990, heureusement interrompues en janvier 1992. Qui est derrière cette recrudescence de l’extrémisme qui reprend du poil de la bête en Algérie ? Il ne suffit pas de pointer l’école clochardisée par des années de bricolage et les séquelles des années noires. Quand des médias nationaux s’érigent en porte-parole des Frères musulmans égyptiens avec l’argent du contribuable algérien et que les responsables du secteur se voilent les yeux en feignant d’ignorer ce cocuage, il va de soi que la société devient, dès lors, vulnérable à la manipulation et au noyautage.
K. B.
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