Mission du nouveau directeur général de l’Anep : couper les vivres aux journaux parasites
La décision de désigner Djamel Kaouane à la tête de l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) avait été prise il y a plusieurs mois et, à l’instar du remaniement du gouvernement, son annonce et son officialisation avaient été retardées. Ancien journaliste à El-Moudjahid, puis directeur d’un quotidien appartenant à Ali Haddad, Djamel Kaouane aura pour mission de mettre fin à la gabegie qui a caractérisé le marché de la publicité institutionnelle depuis le milieu des années 1990 et qui se poursuit jusqu’à nos jours. Des sources internes à l’Anep ont indiqué à Algeriepatriotiqueque les cadres de cette institution voient d’un mauvais œil la remise de gros chèques aux patrons de certains journaux qui n’ont de journal que le nom. Des quotidiens créés par des gens de la profession ou étrangers à celle-ci sous forme d’entreprises unipersonnelles (Eurl), c’est-à-dire détenues par une seule personne, et qui ont longtemps profité soit des largesses inexpliquées des responsables de cette agence, soit de complicités en haut lieu, pour bénéficier de cette manne qui leur a servi à s’enrichir illégalement. La volonté de mettre de l’ordre dans cette agence ne date pas d’aujourd’hui. Les pouvoirs publics envisagent de «faire disparaître» ces journaux parasites du paysage médiatique national depuis longtemps, mais cela n’a pas pu être concrétisé pour plusieurs raisons, au premier rang desquelles une pratique mafieuse instaurée par certains responsables influents qui, alors même que le gouvernement tentait de supprimer les titres fictifs, ces mêmes responsables, foulant au pied cette démarche judicieuse de l’Etat, multipliaient le nombre de journaux – créés à l’intérieur du pays notamment, pour passer inaperçus – dans le but d’engranger des sommes colossales à travers les encarts publicitaires des collectivités locales. Cette situation anachronique était rendue possible grâce au flou qui entoure cette institution théoriquement rattachée au ministère de la Communication, mais qui reçoit des ordres de plusieurs instances en même temps (l’ex-CDD dirigé par l’ex-colonel Fawzi, limogé depuis ; la présidence de la République, notamment du temps de Mohamed Betchine, lui-même propriétaire de plusieurs titres ; de la chefferie du gouvernement, etc.) Plusieurs directeurs de journaux ont profité de cette confusion et se sont enrichis indûment à travers ce système subreptice basé sur un principe simple : un responsable s’octroie l’autorisation d’édition d’un quotidien, le crée, nomme un directeur factice à sa tête et oriente une partie de la publicité transitant par l’Anep vers cette publication. Certains de ces directeurs ont multiplié les acquisitions de biens immobiliers en Algérie et à l’étranger, grâce à ce «détournement» de l’argent de l’Anep. Des sources informées n’excluent pas la fermeture progressive de nombreux titres factices qui ont sali la profession et retardé son développement. Le nouveau directeur de l’Anep aura-t-il les coudées franches et l’autorité nécessaire pour mener à bien cette mission difficile ? Djamel Kaouane, connu pour son intégrité morale et son engagement patriotique, a carte blanche pour ce faire, croit-on savoir. Plusieurs dizaines parmi les 140 quotidiens existants devraient disparaître dans les semaines et les mois à venir, pour laisser la place aux journaux sérieux qui bataillent dur pour leur survie, dans un environnement pollué par une mafia qui continue de jouir de l’impunité, de profiter du système vicieux actuel et de bénéficier de connivences à haut niveau.
M. Aït Amara