Quel message l’ancien ambassadeur de Turquie en Israël a-t-il voulu faire passer à Alger ?
Le secrétaire général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), Ahmet Uzümcü, en visite à Alger, a laissé entendre que Daech serait aux portes de l’Algérie et que ce groupe, puissamment armé et créé par les services secrets occidentaux pour semer le chaos au Moyen-Orient, tenterait coûte que coûte de mettre la main sur les armes chimiques afin de les utiliser «dans la région». Le patron de l’OIAC ne semblait aucunement gêné de pousser les journalistes algériens qui l’interrogeaient sur le sujet à comprendre que notre pays pourrait connaître l’apocalypse, même si cet habile diplomate, qui a gagné ses galons en tant qu’ambassadeur à Tel-Aviv et auprès de l’Otan, a préféré utiliser le vocable «région». Avant de donner un bon point à l’Algérie, en tant qu’«Etat membre très actif et un bon partenaire au sein de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques», le Turc a sauté sur un autre registre, celui du chaos, de la mort et de la désolation que Daech s’apprêterait à commettre en Afrique du Nord, si «toutes les précautions ne sont pas prises». «Je suis préoccupé par la présence des groupes criminels, notamment Daech qui présente une menace majeure pour la sécurité», a lancé le diplomate turc à la face des journalistes apeurés par cette chaotique prévision. Il faut dire que la gravité du propos du secrétaire général de l’OIAC suscite nombre d’interrogations. Comment Uzümcü peut-il affirmer que les gaz sont dans la nature alors qu’il est bien placé pour savoir que tous les Etats arabes ont détruit leurs arsenaux chimiques ? Pourquoi avancer de tels propos d’autant que ce diplomate proche de l’Otan, d’Israël et ayant une bonne culture des «relations internationales» sait qui est derrière Daech ? Sa mission à Alger consiste-t-elle à faire peur aux Algériens d’autant plus que la visite de ce diplomate pro-occidental intervient au lendemain des «menaces» des Al-Saoud qui suggéraient que l’Algérie devrait s’expliquer sur «sa mollesse à combattre le terrorisme» ? Autant de questions que nombre d’observateurs se posent au sujet de «ce Turc porteur de mauvaises nouvelles». En tout cas, il est clairement établi que le SG de l’OIAC n’a pas débarqué à Alger pour promettre un avenir radieux au peuple algérien, mais pour s’inscrire dans la même logique que celle de Riyad. Une logique qui suggère que tout pays «souverain», à l’instar de l’Algérie, doit brader son indépendance, faute de quoi Daech surgirait d’on ne sait où pour faire le reste.
Rafik Bahri