Une réunion est prévue à Rabat : les pays du Maghreb tentent de redonner vie à un corps inerte
Le tableau que présentent depuis quelques semaines les relations entre les pays du Maghreb paraît trop beau pour être vrai. Au moins deux rencontres à l’échelle de cette sous-région donnent l’impression d’une volonté de réanimer ce corps inerte de longue date qu'on appelle l'Union du Maghreb arabe. Les lieux de ces rencontres contribuent également à donner cette image déformée qui fait croire qu’il y a une tendance à une «normalisation» voire à une relance de la construction maghrébine. Algeriepatriotiquea appris par un communiqué de presse publié par le Bureau pour l’Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Union du Maghreb arabe (UMA) qu’une réunion du Mécanisme sous-régional de coordination (MSRC) pour l’Afrique du Nord se tient les 3 et 4 juin 2015 à Rabat (Maroc). Plusieurs organisations internationales sont impliquées dans cette réunion, ce qui donne une indication sur les pressions exercées sur les pays concernés par ces institutions, qui relèvent de l’ONU, pour réactiver l’UMA. L’impression de «dégel» a déjà été donnée lors de la 33e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères des pays de l’UMA, le 7 mai dernier, réunie à Rabat, et où l’Algérie était représentée par un membre du gouvernement, Abdelkader Messahel, ministre chargé des Affaires maghrébines. Mais un rapide survol de la situation des pays qui constituent la sous-région suffit pour montrer que presque rien ne fait converger leurs préoccupations vers une espèce de communauté d’objectifs ou une quelconque solidarité, au contraire, chacun veut tirer la couverture à soi. Il n’est un secret pour personne que cette zone est sur une véritable poudrière. D’abord, le plus évident, la Libye qui est disloquée et en proie à une guerre civile terrible dont on ne voit pas l’issue. Les annonces de solution sont à chaque fois démenties sur le terrain, et l’intrusion de Daech a aggravé la situation et assombrit encore plus les perspectives. Le pays voisin, la Tunisie, n’arrive pas à s’installer dans sa «transition démocratique» et les informations qui nous parviennent de ce pays confirment les sérieuses menaces que continue de faire planer le terrorisme islamiste dont elle refuse d'admettre l'étendue. Des menaces que l’Algérie prend très au sérieux. Notre pays reste sur ses gardes, guettant le mouvement Daech dont on dit qu'il serait à ses portes. En fait, la guerre contre le terrorisme reste une des priorités de l’Algérie. Quant à ses relations avec le Maroc, l’optimisme illusoire créé par des déclarations, ici et là, ne résiste pas aux faits. Le Makhzen ne se départit pas de son hostilité envers l'Algérie qu'il noie avec sa drogue et pour l'affaiblissement de laquelle il est prêt à s'allier avec le diable. L’épisode mauritanien, avec l’expulsion du diplomate algérien, signe d’une démarche provocatrice encouragée, voire initiée, par le Maroc contre notre pays, en est un indice probant. Alors, comment tous ces pays vont-ils pouvoir se concentrer sur la réanimation d'une UMA de toute façon mort-née ? Y croire, c’est prendre son rêve pour la réalité. Quant à l’intégration économique maghrébine, les contrebandiers l’ont déjà établie à leur façon, dans l’informel, en se jouant des contrôles douaniers aux frontières et des lois algériennes particulièrement, faisant circuler librement leurs marchandises dans des corridors comme s’ils étaient spécialement aménagés pour leurs facilités les échanges. L’intégration économique maghrébine n’est d’ailleurs même plus un objectif pour les opérateurs algériens qui se contentent d’une démarche pragmatique loin des cadres institutionnels. Une démarche qui se limite, pour le reste des secteurs, à une participation formelle aux réunions qui se déroulent au Maroc, entre investisseurs ou universitaires ou membres du mouvement associatif. Rien de plus.
Houari Achouri