Gagnant-gagnant ?
Par Kamel Moulfi – Aujourd’hui, au siège de l’Union européenne à Bruxelles, Ramtane Lamamra, notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, poursuivent les discussions commencées hier à propos de l’accord de libre-échange entre notre pays et les 27 pays de l’UE, signé il y a dix ans. Personne n’ignore que cet accord présenté comme un jeu de «gagnant-gagnant» n’a pas rapporté grand-chose à l’Algérie. Au contraire, comme l’a souligné un article d’Algeriepatriotique, notre pays, plus précisément le Trésor, perd trois milliards de dollars par an depuis que les barrières douanières algériennes ont été levées. Dans l’autre sens, l’Algérie achète pour plus de 30 milliards de dollars à l’Europe. Le «gagnant-gagnant» des discours officiels prend, dans la pratique des partenaires européens, les allures d’une véritable supercherie, pour ne pas dire une vraie escroquerie, à nos dépens, bien sûr. On devine que la sortie du ministre du Commerce, Amara Benyounès, qui a «bombardé» les importateurs (voir article d’AP) n’est pas sans rapport avec cette réunion de la 9e session du Conseil d’association Algérie-UE. Amara Benyounès a cité les véhicules et les produits électroménagers, le ciment, les aliments de bétail ; on peut aussi ajouter les médicaments. Evidemment, il ne suffit pas de se lamenter en constatant les inégalités criantes dans les termes des échanges Algérie-UE. Il faut importer moins de l’UE, non pas pour s’orienter vers d’autres pays fournisseurs, mais en produisant plus de marchandises de qualité chez nous et en faisant appel aux compétences nationales quand il s’agit des services. Depuis le temps que l’on parle de substitution aux importations pour libérer le pays de la trop grande dépendance des produits étrangers, il y a lieu de s’interroger sur ce qui nous empêche de réaliser cet objectif que d’autres pays ont atteint alors qu’ils sont parfois moins pourvus que le nôtre en ressources financières et capacités humaines. Faut-il souhaiter que la mauvaise conjoncture que traversent les prix du pétrole s’éternise, pour que la substitution aux importations devienne un axe stratégique dans l’économie algérienne ?
K. M.
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