L’Europe prépare un «plan d’action diplomatique» pour augmenter les importations de gaz algérien
L’Union européenne est à la recherche de nouvelles opportunités pour diversifier ses sources d'approvisionnement en gaz naturel et souhaite trouver aussi plus de concurrence, pour faire baisser les prix, a fait savoir le commissaire européen à l'énergie, Miguel Arias Cañete, à un petit groupe de journalistes à Bruxelles la semaine dernière. La Commission européenne prépare dans ce sens, pour 2016, un plan d'action diplomatique qui implique l'Algérie. Cette information rapportée par le site EurAtiv.fr («Actualités et débats européens») prend toute sa signification dans le contexte des négociations qui ont eu cours à l’occasion de la 9e réunion du Conseil d’association Algérie-UE. Il ressort, en effet, de la déclaration de Miguel Arias Cañete, que l’Union européenne veut prendre encore plus de l’Algérie, alors que «dans ce partenariat, l’Algérie a donné plus qu’elle n’a reçu», a fait observer le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. Il faut aller vers «le respect mutuel et l’équilibre des intérêts» entre les deux parties, a-t-il souligné. Dans une déclaration à l’APS, notre ministre a été d’une franchise remarquable en rappelant à nos partenaires que «les circonstances de la conclusion de cet accord en 2002 ne sont plus les mêmes aujourd’hui aussi bien en Algérie qu’en Europe». Si les accords gaziers entre l’Algérie et l’UE devaient être revisités, les négociateurs européens sont avertis que la partie ne sera pas aussi facile qu’avant. Selon EurAtiv.fr, la Commission européenne organisera un forum commercial «au début de l'année prochaine» afin d'analyser «les causes du sous-investissement chronique de l'Algérie dans l'extraction de gaz, ainsi que la possibilité d'exploiter les réserves conventionnelles et non conventionnelles encore intouchées». Le prétexte de cette «offensive diplomatique» déclarée est «le conflit ukrainien, qui a révélé l'étendue de la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe». Mais l’approche de l’UE qui veut prendre plus de gaz algérien, et à un prix plus bas, ne correspond pas du tout aux préoccupations de l’Algérie qui a pour objectif, de plus en plus affirmé dans toutes les interventions officielles des responsables concernés, de diversifier son économie pour être moins dépendante des marchés énergétiques internationaux et particulièrement européens. La démarche des Algériens est claire : les recettes des ventes d’hydrocarbures doivent servir à bâtir une économie forte pour répondre aux besoins du développement social de la population dont les attentes sont non seulement légitimes, mais encore très grandes. Ramtane Lamamra n’a d’ailleurs pas manqué de noter «la réduction des parts de l’Algérie sur le marché gazier européen à environ 13%, alors qu’elle garantit un approvisionnement stable sur des bases commerciales». Il a également reproché à l’UE «la faiblesse des investissements européens en Algérie», appelant les Etats membres de l’UE à «promouvoir l’afflux des investissements productifs pouvant contribuer à l’émergence d’une économie algérienne diversifiée». Mais l’UE semble intéressée par les investissements dans secteur gazier, comme l’a laissé entendre Miguel Arias Cañete, qui a relevé que «nous, Européens, n'investissons pas beaucoup en Algérie pour le moment et les gazoducs sont sous-utilisés, quand ils ne sont pas simplement à l'arrêt». Il espère voir l’UE «former une relation plus étroite» avec l’Algérie dans le domaine du gaz naturel. En attendant, l’Algérie veut, et Ramtane Lamamra l’a fait savoir avec insistance, à Bruxelles, accroître plutôt ses exportations hors hydrocarbures sur le marché européen.
Houari Achouri