Les véritables raisons de la réélection du très controversé Amar Saïdani à la tête du FLN
La réélection d’Amar Saïdani en qualité de secrétaire général du FLN lors du dernier congrès est, paradoxalement, le signe qu’il ne jouera qu’un rôle secondaire au sein du parti. Plusieurs éléments concourent à étayer ce postulat. D’abord, la présence en force de membres du gouvernement dans le nouveau comité central. Une décision prise en haut lieu pour réduire la marge de manœuvre de celui qui a semblé diriger la première formation politique du pays en véritable nabab, opposant une résistance farouche à ses pourfendeurs à l’intérieur du parti. Ensuite, la présence du Premier ministre lors du 10e congrès augure d’une «politisation» future du «technocrate» Abdelmalek Sellal, jusque-là «politiquement célibataire». La participation du chef de l’Exécutif au congrès du FLN revêt, dès lors, une importance capitale. Sellal ne s’est pas rendu à la coupole Mohamed-Boudiaf pour faire de la figuration, mais pour dessiner l’ébauche de ce que serait l’après-Bouteflika. Une démarche accompagnée par le changement de statut du chef de l’Etat, devenu, pour la circonstance, «président plein» et non plus «honoraire» du Front de libération nationale. Ces modifications subreptices augurent d’une mainmise totale du FLN sur la scène politique durant les années à venir, mais dans lequel Amar Saïdani n’aura pas autant de poids qu’avant. Si aucun changement à la tête du parti n’est envisagé – Amar Saïdani n’a pas été plébiscité la veille pour être remercié le lendemain –, la configuration au sein de celui-ci, elle, sera complètement chamboulée. En reconduisant l’actuel secrétaire général contesté pour un nouveau mandat, les initiateurs de cette stratégie de «continuité du système» même après la fin de règne de Bouteflika ont en tête le double objectif de garder le contrôle sur ce parti «courte-échelle» pour accéder au palais d’El-Mouradia en y maintenant son chef jusqu’à nouvel ordre, et d’écarter les prétendants actuels à sa succession. Ces derniers – les frondeurs – appartenant à l’arrière-garde et comptant dans leurs rangs l'énigmatique Abdelaziz Belkhadem, déclaré persona non gratadans le sérail depuis son fracassant divorce d’avec Abdelaziz Bouteflika pour des raisons que seul le Président, son entourage le plus proche et le concerné semblent connaître. L’humiliant limogeage de l’ancien ministre d’Etat a donné lieu à moult interprétations, mais aucune explication n’a été fournie à l’opinion sur ce désaveu public. Si Amar Saïdani a gagné cette énième bataille face à ses détracteurs, cela ne veut pas dire, pour autant, qu’il est dans les bonnes grâces du président de la République qui ne lui a jamais porté une grande estime. L’actuel secrétaire général continuera de conduire le parti dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, dont on prédit qu’elle serait favorable à Abdelmalek Sellal qui sera adoubé par le même parti qui aura offert à son prédécesseur quatre mandatures de cinq ans chacune, sans coup férir.
M. Aït Amara