Pauvre bac
Par Kamel Moulfi – L’examen du bac se déroule loin de l’atmosphère sereine qu’il exige. Les informations sur ce qui ne marche pas circulent à la très grande vitesse que permettent les technologies de la communication et ce n’est pas fait pour arranger la ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, qui aurait voulu éviter ces mésaventures. Toute la rue en parle. La fraude s’est assujetti les réseaux sociaux et a mobilisé les smartphones (voir article) pour faire réussir les candidats indélicats. La rumeur laisse penser que tous les centres d’examen sont touchés. Faut-il croire que le seul endroit où le bac ne sera, peut-être, pas entaché d’irrégularité est l’établissement pénitencier avec ses 2 844 détenus candidats ? Pourtant, c’est le même Office national des examens et concours (Onec) qui organise le bac en prison et l’encadrement est assuré par des fonctionnaires du secteur de l'éducation nationale. L’erreur commise sur le sujet de langue arabe, filière des sciences expérimentales, est impardonnable. Le manque de rigueur dans la vérification des documents – laisser passer une erreur sur le nom d’un poète cité à la place de celui d’un autre – dénote une légèreté inadmissible. La ministre a tenté de minimiser son impact, mais le fait avait déjà été suffisamment amplifié pour écorcher la crédibilité de l’épreuve. Mais c’est surtout la part de la fraude qui risque d’achever l’honorabilité du bac. On peut toujours se dire que tout cela fait partie d’une cabale lancée contre la ministre de l’Education pour la mettre dans la prochaine charrette qui quittera le gouvernement et on peut appuyer cette hypothèse sur l’enjeu que constitue ce secteur au plan idéologique et politique, mais il faut admettre que l’examen du bac a besoin d’une bonne réforme si on veut que soit respecté le principe de l’égalité des chances entre tous les candidats. L’éthique qui a dominé par le passé dans ce genre d’épreuve, laissant à la fraude de petits espaces exceptionnels, a disparu sous l’effet des nouveaux critères de réussite qui privilégient la combine. Et le manque de motivation de l’encadrement des épreuves fait le reste.
K. M.
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