Le rebondissement dans l’affaire Merah confirme les doutes d’Algeriepatriotique à l’époque des faits
L'affaire Merah revient sur le devant de la scène. Un article de l’hebdomadaire français Le Point révèle que «le père de Mohamed Merah aurait monnayé la remise aux services secrets français de deux vidéos d'une durée de 20 minutes chacune qu’il détenait depuis la mort de son fils. Celles-ci montreraient les dernières minutes de la vie du terroriste pendant lesquelles il expliquerait ses collaborations avec les services de renseignements français». Selon Le Point, le père de l’une des victimes a déposé plainte pour destruction de preuves. On apprend également que «Mohamed Ben-Allal Merah (le père de Merah) a été interpellé vers 10h, vendredi 5 juin, pour séjour illégal sur le sol français, et a été reconduit en direction d'Oran à 13h25 le jour même». Les avocats des familles des victimes ont interprété ce fait comme une volonté d’empêcher le père de Merah de témoigner sur «les vidéos enregistrées et l'argent monnayé en échange de son silence». Pour permettre un éclairage de ce rebondissement de l’affaire, Algeriepatriotique a rediffusé l’interview exclusive réalisée avec le père de Mohamed Merah, au moment des faits. Dans cette interview, Mohamed Ben-Allal Merah récuse les accusations colportées par un de ses fils Abdelghani qui prétendait que le père était sympathisant du GIA. «Nous n'avons rien à voir avec le FIS ni avec le GIA», avait-il affirmé. Mais surtout il fait une révélation qui a pu passer inaperçue et qui mérite de s’y appesantir. Il n’écarte pas l’hypothèse que son fils Abdelghani ait été «payé pour gêner l’affaire». Il avait fait savoir aussi qu’Abdelghani avait mal réagi au dépôt de plainte du père contre la DCRI. Dans la même interview, en expliquant pourquoi il avait porté plainte pour connaître la vérité sur ce qu’il considère comme l'assassinat de son fils, le père de Mohamed Merah avait émis une série d’observations et de questionnements qui traduisaient le doute dans l’opinion publique sur ce qu’il s’est réellement passé. Le père de Merah a fait remarquer que les familles des victimes «ne croyaient pas trop que Mohamed soit réellement l'assassin». Et ensuite, il développe une série de questions : «Puisque les responsables de la DCRI disent qu’ils savaient que c’était lui le tueur des trois militaires, pourquoi, alors, ne l’ont-ils pas arrêté avant qu'il ne tue les trois élèves de l’école juive ? Ces responsables ont prétendu que mon fils Mohamed avait passé plusieurs communications à l’étranger. Pourquoi ne l’ont-ils pas appréhendé à ce moment-là ? Il y a aussi cette histoire d'Afghanistan dont je n'étais pas au courant. Sa mère, elle, savait. Comment s’est-il procuré le visa ? A son retour d'Afghanistan, la police s'est présentée chez sa mère et lui a demandé d’informer Mohamed qu’il devait se présenter au commissariat de Saint-Etienne. Chose qu'il a faite. Après un court interrogatoire, il a été relâché. Puisque la police était au courant de son voyage, pourquoi ne l'a-t-elle pas arrêté ? S'il avait été mis en prison, il n'aurait pas tué tous ces gens.» Dans une autre interview exclusive réalisée, celle-là, avec Maître Zahia Mokhtari, l’avocate algérienne de la famille Merah (diffusée par AP le 31 mars 2012), elle indiquait, à propos d’une action en justice contre l’Etat français, qu’il s’agissait de connaître «les raisons qui auraient conduit le Raid à abattre Mohamed Merah au lieu de l’arrêter vivant». Pour Me Zahia Mokhtari, «si nous avons décidé de porter plainte contre l’Etat français, c’est parce que nous avons la preuve formelle qu’il y a eu meurtre avec préméditation». Elle révélait déjà que «le père de Merah demande que toute la lumière soit faite sur la mort de son fils et exige des parties responsables qu’elles demandent pardon pour leur acte». L’affaire Merah est loin d’être terminée.
Houari Achouri