Transfert illicite de devises : l’Algérie au premier rang mondial

Les transferts illicites de devises prennent de l’ampleur dans un moment particulier, marqué par une baisse vertigineuse des recettes des exportations des hydrocarbures. La Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) a déjà traité et confirmé 85 affaires de transfert frauduleux d’importantes sommes d’argent à l’étranger. Son président, Abdennour Hibouche, a affirmé qu’après vérifications, «les soupçons ont été bel et bien confirmés». Il y a également, d’après lui, 1 500 autres affaires qui ont été signalées pour traitement aux services de sécurité et des Douanes. Les soupçons n’ont pas encore été confirmés dans ces affaires qui sont en cours, a encore précisé le président de la CTRF sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne. Le président de la CTRF dit ne pas connaître le montant exact des sommes placées frauduleusement à l’étranger. M. Hibouche accuse des «professions libérales» de faciliter ces pratiques de transfert illicite, estimant que certains en font leur business au détriment de l’économie nationale. Parmi ces professions pointées du doigt, il y a celles des notaires, des avocats et des intermédiaires en bourse. Le grand tort de ces derniers, c’est qu’ils ne signalent pas les transactions opérées de manière systématique et régulière de sorte à ce que les services de contrôle et de veille puissent accomplir plus facilement leur travail de vérification. M. Hibouche considère que le phénomène d’évasion de devises est encore beaucoup plus important si l’on tient compte des délits qui sont constatés et examinés par d’autres administrations, à l’exemple de la Banque d’Algérie, des Douanes, de l’administration fiscale ou des services des Domaines. Selon lui, l’Algérie serait même au premier rang mondial. Le président de la CTRF décortique les pratiques utilisées pour la fuite des capitaux en évoquant la surfacturation de marchandises introduites dans le pays, les importations fictives ainsi que le transfert de montants vers l’étranger, tirés pour une part du commerce des narcotiques. En 2014, plus de 400 millions de dollars ont été transférés illicitement, selon les chiffres des services des Douanes.
Rafik Meddour

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