Le Cnapeste a-t-il une responsabilité dans la fraude au bac ?
Sur la page Facebook du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), il y a une déclaration qui donne froid dans le dos. «Lorsque la ministre de l’Education a décidé de faire des ponctions sur les salaires des grévistes, elle a oublié que le sort du baccalauréat est entre nos mains», lit-on. Cette phrase écrite en arabe sonne comme une déclaration de revanche prise par ce syndicat contre la ministre. Elle laisse entendre que les problèmes de triche, de fuites de sujets via les smartphones qui ont perturbé les candidats au bac auraient été l’œuvre d’enseignants mécontents de sanctions que leur a infligées la ministre de l’Education suite à leur mouvement de grève de plusieurs semaines. Une question s’impose donc : le Cnapeste a-t-il une responsabilité dans la fraude au bac ? Les enseignants affiliés à ce syndicat ont-ils accompli convenablement leur travail de contrôle et de surveillance des examens ? Se sont-ils acquittés de leur devoir de veiller au bon déroulement des épreuves et d’éviter qu’il y ait triche sous toutes ses formes ? Si cette déclaration est l’œuvre du Cnapeste, elle aura de graves conséquences sur l’école et sur le syndicalisme au sein de l’éducation nationale. Car il s’agit là d’un aveu implicite que les imperfections et les failles relevées dans le processus d’organisation des examens du baccalauréat ont été préméditées par des enseignants victimes de ponctions sur salaires dans le but de faire payer à la ministre sa décision jamais digérée par les grévistes. S’il est l’auteur de cette phrase, le Cnapeste doit s’expliquer, car personne n’a le droit de toucher à la crédibilité d’un examen, ni le perturber, quel que soit le motif ou la raison invoquée. Il y va de l’avenir de 850 000 élèves qui aspirent à aller loin dans leurs études. Il y va également de la confiance qui régit les rapports entre l’enseignant et la tutelle. Il y va aussi de la relation de partenariat qui existe entre les syndicats et le ministère. Une telle déclaration ne ferait que porter préjudice à l’action syndicale et à l’image de l’enseignant. Le plus grave encore dans cette affaire, c’est que le ministère de l’Education a déjà dénoncé une tentative de déstabilisation des élèves, à travers l’organisation via les réseaux sociaux de «fausses fuites de sujets» du bac. Cela s’ajoute à la diffusion sur Facebook de sujets d’examen une demi-heure après le début de l’épreuve qui a soulevé toute une polémique. Et même l’erreur relevée dans le sujet d’examen de la littérature arabe a été qualifiée d’étrange. Une telle sortie d’un syndicat ne ferait qu’aggraver les soupçons d’un complot contre la ministre de l’Education, attaquée de toutes parts.
Rafik Meddour