Collectif Nabni : «Le fonds de régulation s’épuisera en 2017»
Jugeant que la réaction des pouvoirs publics face à la crise n’augure pas d’une prise de conscience de la gravité de la situation, le collectif Nabni a rendu public aujourd’hui, mardi, un plan d’urgence qui devrait permettre au pays de faire face au choc pétrolier. Pour le collectif, «la chute du prix du baril ne rend que plus visible l’iceberg ou les sérieuses difficultés auxquelles le pays sera confronté». Il estime que «le statu quo n’est pas soutenable», prédisant que le Fonds de régulation des recettes s’épuisera autour de 2017, de même que les réserves de change – qui fondraient à 9 milliards dans quatre ans si le baril chutait à 50 dollars. Le collectif propose notamment de donner un coup d’accélérateur aux réformes qui sont restées trop longtemps en suspens. Des «bons en avant» pour engager le changement, mobiliser l’administration, aboutir à des résultats sur trois ans et donner de la crédibilité au processus. Choisir trois chantiers de réformes prioritaires – pas plus – et concentrer les efforts et le capital politique et administratif pour réaliser un bond qualitatif majeur, tangible et visible. Avancer sur ce qui a trop longtemps été bloqué. Nabni estime qu’il faut douze chantiers en trois ans car l’Etat n’a pas la capacité de faire plus. «Inutile de concevoir des méga-plans d’action : la capacité de mise en œuvre des réformes est faible. L’exigence de réalisme nous impose de voir la réalité en face : notre Etat et ses institutions sont affaiblis. La capacité de réforme est très limitée. Nous ne pouvons pas compter sur une mue instantanée de notre administration qui lui permettrait de mettre en œuvre un plan d’action global et multisectoriel complexe», écrit Nabni. Ce dernier souligne qu’il faut arrêter les politiques inefficaces et coûteuses en décalant la programmation de certains grands projets d’infrastructure et en gelant la croissance réelle des dépenses de fonctionnement jusqu’en 2018. Pour Nabni, il faudra mettre fin aux entraves majeures à l’investissement productif, interrompre les subventions indues, les niches fiscales et autres transferts inefficaces aux entreprises privées et publiques, bâtir les fondations d’une action publique transformée en engageant un bond de transparence et d’accès à l’information publique. Il faut également mener une profonde réforme de la gouvernance des actifs de l’Etat et son patrimoine. Nabni préconise de créer une école de gouvernance publique de rang mondial afin d’amorcer un bond de modernisation de la haute administration et de démarrer les réformes les plus difficiles en amorçant la refonte du système de redistribution sociale en lançant un programme de transferts monétaires directs ciblé vers les plus démunis. Il faut, ajoute Nabni, entamer une augmentation progressive et différenciée des prix des biens et services subventionnés, introduire un nouvel impôt foncier pour financer les collectivités locales, couplé à la suppression de la TAP, accélérer les chantiers en suspens dont la réforme bancaire, réaliser un choc de simplification administrative pour les entreprises, transformer le cadre du commerce extérieur. Enfin, pour réussir la mise en œuvre d’un tel plan d’urgence, ajoute le collectif, «nous proposons la mise en place d’une unité spécialisée en charge de la conduite des réformes clés rattachées au président ou au Premier ministre afin d’assurer une coordination interministérielle efficace, une exécution et un suivi régulier des réformes et un appui aux ministères concernés pour identifier les blocages et les soumettre à l’arbitrage des plus hautes autorités».
Meriem Sassi