Mariages religieux : la LADDH tire la sonnette d’alarme

Il y a de plus en plus d’Algériens qui se contentent du mariage religieux et se détournent de la procédure administrative obligatoire pour légaliser le mariage. Le constat a été établi par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) qui tire le tocsin et appelle vivement les hautes autorités du pays à mettre un terme à ce qu’elle qualifie d’anarchie dangereuse pour la cohésion familiale. Selon le rapport élaboré par Houari Kaddour, secrétaire national chargé des dossiers spéciaux, le mariage religieux se multiplie et crée beaucoup de problèmes d’ordre administratif, notamment l’enregistrement des nouveau-nés. Il souligne également l’existence en Algérie des mariages spécifiques et temporaires comme le nikâh al misyar (le mariage du voyageur), qui est une tradition de mariage sunnite contestée. Il cite aussi le mariage de jouissance, qui est condamné par les oulémas sunnites et chiites. Houari Kaddour précise qu’il n’y a pas de statistiques officielles sur ce phénomène du mariage non acté. «Cette forme de mariage non officialisée par un acte de mariage en bonne et due forme est une atteinte et une aberration pour la femme qui souffre en silence de l’autoritarisme de l’homme», a relevé Kaddour Houari, selon lequel il y aurait entre 46 000 et 50 000 cas au minimum dont 36 000 ont été établis durant la décennie noire. Ce phénomène qui ronge la société reste, dénonce la LADDH, un sujet presque tabou pour les hommes politiques et les responsables qui craignent de l’évoquer publiquement au risque d’être mal compris. Dans son enquête, cette organisation de défense des droits de l’Homme a sondé une centaine d’imams sur, notamment, l’application de l’instruction datant de 2005 les obligeant à ne pas faire le mariage religieux avant le contrat de mariage. «Cette exigence visait à protéger à la fois la femme et préserver les enfants des erreurs qui peuvent être commises», a indiqué la LADDH qui fait état de la constatation de plus de 7 000 faux mariages qui ont provoqué des drames. La LADDH dénonce l’exploitation éhontée de certains vides juridiques pour mettre l’épouse devant le fait accompli. Le code de la famille, tel que réformé en 2005, exige le consentement de la première femme pour que l’on puisse avoir une deuxième femme. Pour contourner cette exigence, les hommes recourent au mariage religieux à l’insu de la première épouse. Et une fois consommé, la loi autorise presque automatiquement l’officialisation de ce mariage pour le bien, dit-on, des «futurs enfants». Pour Houari Kaddour, le mariage strictement religieux était moins répandu avant les réformes de 2005. Citant les témoignages de juristes, ce responsable au sein de la Ligue assure que l’essentiel des affaires de délits traitées au niveau des tribunaux ont été provoquées par la déchirure du foyer familial. La faiblesse et l’ignorance des vrais préceptes de l’islam font de l’Algérien une proie facile pour les extrémistes et les pseudo-exégètes. Et cette ignorance pousse, selon cette organisation, à des comportements qui mettent en péril la cohésion familiale et sociale en général. La LADDH interpelle ainsi le gouvernement afin qu’il se penche sérieusement sur ce phénomène et prenne les mesures pour le juguler pour «le bien de la cellule familiale».
Rafik Meddour

 

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