Selon la NASA : l’Afrique du Nord pourrait connaître des conflits à cause de la rareté de l’eau
Dans un rapport publié cette semaine, l’agence spatiale américaine NASA met en garde contre le tarissement des ressources en eau dans plusieurs parties de la planète, dont la région de l’Afrique du Nord. Le rapport, cité par le journal britannique The Independant, indique que 21 des 37 plus grands aquifères (grandes réserves d’eau censées alimenter des millions de personnes) en Inde, en Chine, en Afrique du Nord, aux Etats-Unis et en France connaissent une baisse importante de leur production en eau. Les chercheurs qui ont étudié ces données estiment que la quantité d'eau renouvelée en baisse présente un vrai danger pour les populations croissantes et risque, par conséquent, de déstabiliser dangereusement ces pays. Une situation critique, car les aquifères produisent 35% des ressources d'eau pour toute l'humanité et encore plus en temps de sécheresse. Plus grand pays d’Afrique, l’Algérie n’est pas à l’abri d’une crise majeure malgré les efforts consentis pour pallier une pluviométrie capricieuse, en construisant des barrages et en installant des stations de dessalement d’eau. Aussi, le débat sur l’exploitation du gaz de schiste a révélé la menace qui pèse sur les eaux souterraines dans le Sahara algérien. Le litige ayant opposé l’Algérie à la Libye au temps de Kadhafi au sujet des eaux souterraines a failli dégénérer en conflit durable. Tripoli était accusé de pomper les nappes phréatiques algériennes. Des signes de cette guerre de l’eau sont aussi perceptibles à travers les conflits opposant des pays comme l’Egypte à l’Ethiopie autour de l’eau du Nil et au Proche-Orient où la question de l’eau est au centre du conflit israélo-palestinien. Israël est notamment accusé de détourner l’eau des rivières et des nappes phréatiques devant alimenter les territoires occupés, mais aussi une partie de la Jordanie. En 2005, la NASA et le centre aérospatial allemand avaient lancé la mission GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment) afin de pouvoir évaluer le niveau des nappes souterraines de la planète. En effet, auparavant, il était impossible de pouvoir faire des estimations sur l’état des eaux souterraines, principalement en raison de la difficulté d'accès. Cette mission a ainsi permis de constater la forte baisse des nappes phréatiques, principalement dans certaines régions telles que la Chine, l'Argentine, la Californie, l'Inde, le Proche-Orient ou encore les Etats-Unis et l'Australie. Les mesures effectuées ont ainsi pu confirmer la baisse et démontrer, par exemple, que le niveau des nappes phréatiques diminuait sans cesse de 6 ou 7 centimètres par an dans les régions nord-est de la Chine. Un déclin majoritairement dû à la pratique d’une agriculture intensive : de nombreux pays en développement comme développés surexploitent les réserves d’eau souterraines sans que celles-ci aient le temps de se régénérer.
R. Mahmoudi