Mort, pas mort
Par M. Aït Amara – Il y a moins d'une semaine, Algeriepatriotiquereprenait, à l’instar de tous les médias du monde mais non sans scepticisme (voir lien ci-dessous), la nouvelle de la mort du chef terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar. Notre article, qui répercutait une annonce faite par le Pentagone, présageait qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique n’allait pas tarder à poster un démenti sur les réseaux sociaux dont elle maîtrise les ficelles du fond de l'aride désert malien. Prédire une telle infirmation ne relève pas de quelque don de la divination – loin de là –, mais est tout simplement le résultat de vingt ans d’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste et la couverture médiatique de ce genre d’événements. Durant les dures années du terrorisme islamiste en Algérie, les journaux étaient pleinement engagés contre les groupes islamistes armés aux côtés des forces de sécurité, bien qu’ils aient, quelque part et sans le vouloir, servi de relais à ces groupes dont ils médiatisaient, voire, pour certains, amplifiaient les actions terroristes. Cette expérience nous a appris deux choses, au moins. La première, c’est que la mort d’un ou plusieurs chefs terroristes n’est jamais synonyme de la fin du terrorisme. L’organisation extrêmement hiérarchisée de cette nébuleuse, un schéma appris en Afghanistan dans les années 1980, fait que les successeurs des «émirs» abattus sont désignés avant même que ces derniers ne périssent dans les offensives des forces de sécurité ou dans les combats entre groupes terroristes rivaux au maquis. Les Algériens ont compris, dans leur lutte persévérante contre ces hordes sauvages, que trois éléments fondamentaux concourraient à leur déclin : le rejet de la violence par la population, la continuité des institutions et de la vie sociale malgré l’insécurité (administration locale, justice, école, université, etc.) et l’assèchement des sources de financement et d’armement du terrorisme. La seconde chose que la longue lutte contre le terrorisme a apprise aux Algériens, c’est la manipulation des faits par le complexe politico-médiatique occidental qui joue au jeu dangereux du pompier-pyromane. Pour rendre vulnérables des pays du Sud économiquement faibles mais dont la récalcitrance gêne les projets machiavéliques des anciennes puissances coloniales, ces dernière y plantent les germes de la division pour faciliter une nouvelle occupation à moindre frais, c'est-à-dire sans engager leurs troupes dans des combats coûteux en hommes et en argent. Les pseudo-efforts des pays de l’Alliance atlantique pour soi-disant combattre les mouvements terroristes islamistes ne sont guère plus qu’un alibi pour remettre les pieds dans ces pays longtemps endormis à l’éther du monopartisme et du pouvoir familial éternel, et momentanément réveillés à coup de gifles bruyantes qui les assommeront pour plusieurs autres années encore. Entretemps, Mokhtar Belmokhtar sera tué et ressuscité autant de fois qu’il le faudra pour entretenir l’illusion d’un terrorisme sans fin, impossible à vaincre.
M. A.-A.
https://www.algeriepatriotique.com/article/le-gouvernement-libyen-annonce-la-mort-de-belmokhtar
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