La seconde guerre froide
Par Kamel Moulfi – C’est comme si la guerre froide se réinstallait dans le monde. La comparaison entre l’Ukraine et la Grèce n’est pas très évidente, mais elle peut être osée en observant ce que font les Etats-Unis et l’Union européenne avec l’ancien membre de l’ex-URSS et l’ex-Pacte de Varsovie, c'est-à-dire l’Ukraine, et ce que fait la Russie avec le toujours membre de l’Otan et futur dissident de l’UE, la Grèce. En réalité, la Grèce est pour le Kremlin ce que l'Ukraine est pour la Maison-Blanche. Cette situation rappelle un peu l'histoire des missiles d’octobre 1962, en pleine guerre froide, restée dans l’histoire sous le nom de «crise de Cuba». A l’époque, les Américains avaient fait croire au monde entier que l'URSS avait retiré ses missiles de ce pays par peur des représailles des Etats-Unis, alors qu'en fait, ils ont été les premiers à retirer les leurs de Turquie, avant que Moscou ne décide de faire de même. Un accord conclu sans bruit avait été conclu entre les deux dirigeants, Khrouchtchev et Kennedy, pour retirer leurs missiles respectifs de Cuba et de Turquie. Dans la version actuelle, Ukraine-Grèce, les missiles ne sont pas visibles, mais le conflit entre les deux superpuissances est le même. Les moyens utilisés et les voies empruntées par les deux pays pour poser le pied dans la cour de l’autre sont différents. La subversion a été portée aux portes de la Russie, en Ukraine, par les armes. Le Sénat américain prépare une livraison d'armes létales à Kiev. Pour sa part, la Russie projette, avec l’accord de la Grèce, de mettre deux milliards d'euros pour connecter le nouveau gazoduc baptisé Turkish Stream qui sera opérationnel à partir de décembre 2016, à un gazoduc passant par le territoire grec, ce qui donnera à la coopération entre les deux pays une nouvelle dimension aux portes de l’UE et au sein de l’Otan. Ce n’est pas tout : les dirigeants grecs sont tentés d’adhérer à la nouvelle banque des BRICS pour avoir accès à des fonds pour leurs projets de développement. Si la Grèce le fait, cela confirmerait la tendance à l’effritement de l’hégémonie occidentale dans le monde. Seules des entourloupes médiatiques continuent de faire croire à la puissance du G7, alors que le Canada, qui en est membre, occupe la peu honorable 15e position dans la liste des pays les plus industrialisés.
K. M.
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