Dépense publique et gaspillage des ressources financières
Par Abderrahmane Mebtoul – On ne décrète pas la fixation des prix, la création d'entreprises ou la création d'emplois, ce qui a abouti à des effets pervers avec une non-proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux avec un gaspillage des ressources financières. Il s'agit de ne pas confondre le tout-Etat des années 1970 (solution de facilité des bureaucrates en panne d'imagination) avec l'importance de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché concurrentielle, loin de tout monopole, ce qui suppose un degré de compétences élevé pour réguler face aux enjeux de la mondialisation, en ce monde incertain et en perpétuel mouvement augurant de profonds bouleversements géostratégiques et économiques entre 2015 et 2020. Invoquer une évolution positive du revenu global, c'est ignorer cette évidence : la concentration du revenu au profit d'une minorité rentière. Car un chiffre global a peu de significations sans analyser la répartition du revenu national et le modèle de consommation par couches sociales. S'agissant d'un problème aussi complexe que celui du pouvoir d'achat et de l'inflation, ces phénomènes doivent tenir compte de la structure et des particularités de l'économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l'économie internationale, de l'économie interne résultant de l'option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d'influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s'approprier une fraction du revenu national. Un taux d'inflation se calcule par rapport à la période antérieure. Ainsi, un taux faible en 2015 par rapport à un taux élevé entre 2013 et 2014 donne en cumul un taux élevé. Comme un taux de croissance élevé en 2015 par rapport à un taux faible en 2013 et 2014 donne un taux cumulé faible. En Algérie, les subventions généralisées et non ciblées qui ne profitent pas toujours aux plus défavorisés, car mal ciblés, représentant avec les transferts sociaux environ 60 milliards de dollars soit 27 à 28%, compressent artificiellement le taux d'inflation qui peut être expliqué par quatre raisons interdépendantes. La première raison de l'inflation est la non-proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux, traduisant la faiblesse de la productivité du travail. La deuxième raison liée au premier facteur est la faiblesse d'une politique salariale cohérente privilégiant les créateurs de valeur ajoutée, le travail et l'intelligence au profit d'emplois de rente. La troisième raison est l'extension de la sphère informelle qui contrôle plusieurs segments (fruits et légumes, viande rouge et blanche, poisson, textile, cuir…). Le textile, à travers les importations clandestines avec plus de 40% de la masse monétaire en circulation, contrôle plus de 65% des segments des produits de première nécessité. L'allongement des circuits de commercialisation à travers leur désorganisation entre le producteur et le consommateur favorise les rentes de monopole. La quatrième raison est l'inflation importée mais la question qui se pose c’est pourquoi, lorsque le taux d'inflation mondial va vers zéro, cela ne profite-t-il ni aux producteurs ni aux consommateurs algériens ? C'est que le dérapage du dinar, paradoxe à la fois par rapport au dollar et par rapport à l'euro, alors que leur cotation varie inversement gonflant, d'ailleurs, artificiellement les recettes fiscales (voilant l'importance du déficit budgétaire) et le fonds de régulation des recettes calculés en dinars algériens, les taxes exorbitantes au niveau des douanes qui s'appliquent à un dinar dévalué pour entretenir notamment les couches rentières ont largement contribué à favoriser la hausse des prix. Comment ne pas rappeler cette réalité amère en ce mois de juin 2015 : 98% des recettes en devises résulte des hydrocarbures et la cotation du dinar et le pouvoir d'achat des Algériens sont corrélés à plus de 70% à la rente des hydrocarbures. Avec les tensions budgétaires qui s'annoncent entre 2016 et 2020 dues à la chute des recettes des hydrocarbures, il y a urgence de la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant une gouvernance rénovée, une réhabilitation de la morale pour un sacrifie partagé, une entreprise créatrice de richesses publique et privée nationale ou internationale et son soubassement, le savoir.
A. M.