La cinquième roue
Par Houari Achouri – Pas de jaloux ! Comme dans les disputes d’enfants, le même jouet, à peu près, est offert à chacun, pour éviter les crises de ressentiment et les bouderies gênantes de l’un ou l’autre. Le Maroc accueille une usine Peugeot ? Allez, l’Algérie, aussi, et qu’on n’en parle plus ! Pas de jalousie également entre Renault et Peugeot, après la marque au losange, celle au lion aussi s’installera dans notre pays et dans la même région, à l’ouest. La façon dont l’information officielle a été donnée, par la voix du président français, d’abord, puis par le ministre algérien de l’Industrie, donne l’impression d’une opération d’esbroufe servie à l’opinion publique en Algérie, remontée par les médias après l’annonce de la construction d’une usine Peugeot chez les voisins. En plus, c’est comme si la France, à travers l’usine Peugeot, nous faisait un cadeau. Entre les «deux ou trois choses» que peut dire un responsable algérien sur la question et ce que François Hollande a pu révéler, le ridicule a toute la place pour s’installer. Comment qualifier cette démarche que ses promoteurs nous présentent comme une stratégie industrielle dans le secteur de l’automobile ? Pourquoi le pouvoir s'accroche-t-il aux constructeurs français Renault et Peugeot, alors que ceux-ci ont depuis longtemps jeté leur dévolu sur le Maroc pour des raisons qui les concernent et qui doivent certainement être objectives ? Ces deux marques ont raison ; elles défendent leurs intérêts. Pourquoi le pouvoir veut-il faire de l'Algérie la cinquième roue du carrosse, alors qu'il peut négocier dans des conditions autrement plus avantageuses avec les Chinois ou les Sud-Coréens ? Pour les sceptiques, beaucoup de marques prestigieuses ont ouvert des usines de montage en Chine, dont Mercedes et Volkswagen, pour ne citer que ces deux constructeurs allemands. Faut-il rappeler aussi que la marque suédoise Volvo a été rachetée par les Chinois ? Au lieu de regarder ailleurs, vers là où ça avance et en fonction de nos intérêts, nos «stratèges» restent figés sur un seul ou deux modèles français et leur offrent la chance de pouvoir survivre et en nous montrant l’opération comme si c’était un pas de géant vers une industrie automobile 100% algérienne, comme veut nous le faire croire le ridicule slogan de la marque au losange, «dernaha djazaïria» (nous l’avons fabriquée en Algérie). Foutaise !
H. A.
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