Usurpation de titres
Par R. Mahmoudi – Les observations et accusations émises par de plus en plus d’instances officielles à l’encontre de certaines chaînes de télévision privées pour violation des règles de l’éthique et de la déontologie ont atteint un seuil critique. Ainsi, en moins de vingt-quatre heures, deux instances officielles ont lancé l'alerte face aux dérives dont deux ou trois chaînes se rendent régulièrement coupables. D’abord, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a décidé de saisir l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) pour se plaindre des programmes religieux diffusés par certaines chaînes, notamment en ce qui concerne des propos tenus par des imams et cheikhs autoproclamés. Le ministre n’a pas donné les titres des émissions visées par sa plainte ni les noms des «imams» incriminés, mais les téléspectateurs peuvent facilement les deviner, pour avoir été les premiers à dénoncer les dépassements dangereux de certains prédicateurs autoproclamés sur les réseaux sociaux. La décision prise par Mohamed Aïssa s'inscrit également dans le cadre d’un plan visant à mettre de l’ordre dans le domaine de l’ifta’ (promulgation des fatwas), dévoyé par l’intrusion des salafistes à travers justement les médias qui leur offrent cette tribune. De la prédication à la prédiction, ces mêmes médias passent sans transition. Ainsi, l’Office national de la météorologie (ONM) décide de sortir de sa réserve pour dénoncer l’irresponsabilité de certaines chaînes dans un domaine qui relève pourtant de son seul ressort. Une responsable de cet organisme officiel a accusé des médias sans les nommer de publier de faux bulletins météorologiques en son nom. Cet office, qui n’a pas l’habitude de communiquer en dehors de son activité habituelle, dément avoir publié un BMS prévoyant une canicule dans le nord du pays à partir de mardi et devant s’étendre jusqu’à vendredi. Il s’agit bien, ici, d’un cas d’usurpation de fonction sur lequel l’Arav se doit de se pencher pour mettre fin à une dérive qui peut avoir des conséquences néfastes. Force est néanmoins de constater que toutes ces accusations et ces mises en garde se font en l’absence de réaction du ministre de la Communication, lequel a pourtant fondé sa démarche et son action depuis son investiture sur le respect de l’éthique et du professionnalisme, mais en se focalisant sur la presse écrite, comme si le domaine de l’audiovisuel ne concernait plus son département.
R. M.
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