Les Algériens se mobilisent pour sauver la révolution tunisienne
Par Youcef Benzatat – Après l'innommable acte terroriste de Sousse ayant visé explicitement des touristes étrangers et ayant fait 38 victimes parmi eux, la Tunisie subit de plein fouet le contrecoup de cette barbarie, par l’arrêt brutal du flux touristique et le départ dans la panique de ceux qui sont déjà sur place, menaçant d’effondrement les rentrées de devises de ce pays, dont l’économie est étroitement tributaire. C’était cela l’objectif visé par cette opération kamikaze, à vouloir mettre à genoux la révolution tunisienne, qui n’arrête pas d’afficher des performances de plus en plus spectaculaires en matière de démocratie et de toutes valeurs universellement partagées, et la principale d’entre elles : la souveraineté nationale. Beaucoup a été dit à ce propos concernant le refus catégorique de la Tunisie de se soumettre aux convoitises des puissances impérialistes, notamment son alignement sur les plans colonialistes de l’Otan et l’ouverture de son territoire à l’implantation d’une base militaire de l’Africom. Mais ce refus ne constitue pas en soi la principale motivation de cet odieux acte, que l’on pourra qualifier sans aucun doute d’«acte de guerre». La Tunisie est devenue un symbole et un exemple à suivre, un modèle pour les pays de la rive sud de la Méditerranée en matière de transition démocratique et d’affirmation de soi en tant que singularité culturelle régionale, produit d’une entité civilisationnelle millénaire. Un poste avancé, en quelque sorte, d’un bloc régional en devenir, dont les fondations trouvent leurs racines dans les ruines de la civilisation arabo-islamique agonisante. C’est ce bloc régional souverain en devenir, par son caractère menaçant pour les intérêts des puissances impérialistes dans la région, qui constitue la principale motivation de vouloir mettre ce symbole, qu’est la Tunisie, à genou. L’impérialisme ne saurait s’accommoder de l’émergence d’un nouveau bloc régional concurrent. Il a déjà fort à faire avec les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) auxquelles ne cessent de se joindre d’autres pays dits émergents. L’opération qui consiste à faire barrage à l’émergence de ce bloc régional s’était déjà affirmée avec la contre-révolution menée par les puissances impérialistes contre le réveil des peuples de cette région pour l’accomplissement d’une révolution politique. Aidés en cela par les monarchies réactionnaires de la région, ayant depuis longtemps basculé dans leur camp. Depuis qu’ils avaient abandonné la lutte du peuple palestinien pour le recouvrement de sa souveraineté. En infiltrant les processus insurrectionnels par le soutien financier et logistique des hordes djihadistes, pour semer chaos et destruction, pour finir par imposer le statu quo, notamment en Libye, en Egypte, en Syrie, au Yémen, voire en Irak. Ils ont cependant échoué, aussi bien en Tunisie qu’en Algérie, pays sur lesquels la pression demeure constante. L’attaque contre le musée du Bardo ou celle de Sousse répondent à la même logique que celle opérée contre le complexe gazier de Tiguentourine ou l’enlèvement et l’assassinat d’Hervé Gourdel. Dans ce contexte, les Algériens n’ont pas seulement fait échouer les plans diaboliques des convoitises impérialistes, en s’obstinant à continuer à subir la dictature plutôt que de succomber à leurs complots. Ils ont été jusqu’à manifester spontanément et massivement leur solidarité avec les Tunisiens, promettant de déjouer frontalement le complot qui s’est abattu sur eux. En effet, depuis l’annonce de l’infamante nouvelle de l’attaque de Sousse, le mot d’ordre est à la mobilisation générale sur les réseaux sociaux, promettant d'envahir en masse les lieux touristiques tunisiens pour passer leurs vacances et pallier la désertion des touristes étrangers, afin de soutenir l’économie tunisienne. Au-delà de la solidarité régionale, de voisinage et d’un pays ami, les Algériens demeurent profondément imprégnés par la devise inaliénable, héritée de notre glorieuse Révolution, qui consiste en la solidarité sans condition avec les peuples qui luttent pour leur souveraineté et pour disposer d'eux-mêmes. A défaut de faire la révolution chez eux, les Algériens se mobilisent pour sauver celle des Tunisiens, comme ils manifestent leur solidarité avec le peuple palestinien à chaque fois que celui-ci est agressé par l'occupant sioniste. A noter que beaucoup de touristes européens ont également manifesté leur sympathie et leur solidarité avec le peuple tunisien, en refusant de céder à la panique et en choisissant de ne pas quitter la Tunisie, alors que d’autres ont refusé d’annuler leurs vacances dans ce pays et continuent d’y affluer.
Y. B.