Le président Bouteflika : «Je poursuivrai ma mission malgré ma condition physique»
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ne compte pas renoncer à son mandat. Dans un message adressé aujourd’hui aux Algériens à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le chef de l’Etat affirme qu’il restera à son poste et s’attellera «à accomplir [son] devoir, conformément au mandat que [lui] a confié la majorité du peuple algérien». Il reconnaît qu’il est affaibli par la maladie, mais il assure qu’il se «sacrifiera» pour le bien du pays. «En ce qui me concerne, je m’attellerai à accomplir ce devoir avec l'aide de Dieu, conformément au mandat que m'a confié la majorité de notre peuple», a-t-il souligné, tentant ainsi de rassurer sur son état de santé, qui suscite beaucoup d’interrogations et d’incertitudes. «Vous avez été nombreux à m’interpeller pour que je poursuive la mission dont vous m’aviez déjà honoré trois fois. J'ai répondu à cet appel, acceptant ce sacrifice malgré ma condition physique actuelle pour laquelle je remercie Dieu, pensant aussi au sacrifice suprême consenti par mes valeureux compagnons tombés au champ d'honneur, dans les rangs de l'Armée de Libération nationale», a ajouté le chef de l'Etat. Le président Bouteflika a appelé tous les Algériens, dans la différence de leurs convictions politiques, mais aussi dans leur unité de destin national, à unir leurs forces et leurs énergies, pour construire davantage l'Algérie «notre patrie, pour la porter ainsi, année après année, génération après génération, au niveau de vos ambitions et de vos espérances, au niveau de l’idéal pour lequel sont morts nos glorieux martyrs». Le chef de l’Etat confirme ainsi les propos de son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia, qui a exclu toute élection présidentielle lors de sa conférence de presse en juin dernier, au lendemain de son intronisation à la tête du RND. En insistant sur la poursuite de sa mission en tant que chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika tente ainsi de rassurer la population et répond aux multiples et incessants appels de l’opposition pour une présidentielle anticipée. Il veut ainsi démentir les constats faits par cette même opposition sur la vacance du pouvoir et sur le fait qu’il n’y ait plus de pilote dans l’avion. Il veut attester qu’il est bien celui qui dirige le pays et que, malgré sa maladie, il garde la main sur tout.
La Constitution en phase de «finalisation ultime»
Le président Bouteflika est revenu également dans son discours sur la révision de la Constitution. Il assure que le projet est en phase de «finalisation ultime» sans pour autant avancer une date ou fixer une échéance. Il indique que «la consolidation de l'Etat de droit se poursuivra, au fil des réformes qui seront d'ailleurs confortées dans tous les domaines, par la révision de la Constitution, dont le projet est en phase de finalisation ultime». Par ces affirmations, le chef de l’Etat tente ainsi de rassurer sur la concrétisation de ce projet de révision de la loi fondamentale du pays qui traîne depuis 2011. Bouteflika a abordé un autre volet relatif aux scandales de corruption qui se succèdent et se ressemblent. Le chef de l'Etat a estimé qu’«il importe de dire que l'Algérie n’est pas un champ de prédilection de la corruption. Certes, ce fléau s'est malheureusement infiltré dans notre pays, mais il est aussi combattu sévèrement avec le glaive de la loi». Il cite comme preuve le rapport élaboré sur notre pays dans ce domaine par l'instance des Nations unies chargée du suivi de la mise en œuvre de la Convention internationale pour la prévention et la lutte contre la corruption. L’Algérie, ajoute-t-il, «n’est pas, et ne sera pas, un espace d'injustice ou d'exclusion sociale, ces tares contre lesquelles le pays mobilise tous ses moyens. La politique publique de développement s'étend à toutes les contrées du pays, et les transferts sociaux à partir du budget de l'Etat sont d'un niveau incomparable dans le monde entier».
Appel du pied à l’opposition
En parlant de l’opposition, le président Bouteflika a évité d’user d’un ton acéré, reconnaissant la nécessité d’une opposition forte pour faire avancer le pays. «En effet, le peuple algérien a besoin de connaître les propositions alternatives prétendant améliorer son devenir, et il saura ensuite choisir souverainement lors des rendez-vous électoraux de la République», a-t-il déclaré. Tout en exprimant sa «considération pour l’opposition», il estime que «dans le respect de la déontologie démocratique, l'opposition est dans son rôle, tout comme sera dans son rôle la majorité qui a porté mon programme durant la campagne électorale et à laquelle il revient de le promouvoir aujourd'hui dans le cadre du débat démocratique pour semer l'espoir et pour soutenir l'effort». Le chef de l’Etat n’a pas raté l’occasion de tirer sur les extrémistes et les promoteurs d’un discours radical, rappelant les événements douloureux vécus par l’Algérie durant les années 1990. «Il y a quelques années seulement, l'Algérie, son peuple et sa démocratie ont très chèrement payé le prix des discours populistes, de la démagogie et du défi à la loi», a-t-il mis en garde, appelant à tirer «donc les leçons de ces amères expériences pour nourrir notre pluralisme politique, associatif et syndical, de joutes nobles autour de programmes alternatifs».
Sonia Baker