Gaz de schiste : des centaines de personnes ont marché à In Salah
Le combat contre l’exploitation du gaz de schiste se poursuit à In Salah. Dans la nuit de dimanche à lundi, des centaines de personnes ont marché pour réitérer leur «rejet total» du processus de fracturation hydraulique lancé à quelques encablures de leur ville. Munis de pancartes et banderoles sur lesquelles étaient écrits des slogans hostiles à l’exploitation de cette énergie non conventionnelle, comme «non au gaz de la mort» ou encore «non à la pollution des eaux souterraines», les manifestants ont réaffirmé la poursuite de leur lutte pour arrêter les opérations expérimentales que mène Sonatrach et ses partenaires à Ahnet, zone située à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de daïra, dans le Sud algérien. Les manifestants ont démarré de la très symbolique place Soumoud, où ils ont l’habitude de se retrouver durant les soirées ramadanesques, pour aller jusqu’au siège de la daïra tout en faisant le tour de la ville. Leur action de protestation, qui a commencé aux environs de 23h, ne s’est terminée que vers 3h du matin. Les organisateurs veulent remobiliser les militants anti-gaz de schiste pour reprendre de plus belle la protestation. Ils ne comptent pas se taire face à «la poursuite en catimini» de l’exploration de ce gaz non conventionnel. «Nous nous retrouvons ici à nouveau pour reparler des futures actions à mener pour éviter à notre région une grave catastrophe écologique. Nous sommes déterminés à nous battre davantage pour arrêter toute forme d’exploitation de ce gaz de la mort», affirme l’un des manifestants, qui parle de la résistance qui se réorganise pour lui donner «plus de punch». Le mouvement anti-gaz de schiste est né au début de l’année en cours dans la ville d’In Salah, connue pour ses grands gisements de gaz et surtout d’eau souterraine. Leur première action a été menée au lendemain de l’annonce de l’inauguration du premier puits expérimental en grande pompe par l’ex-ministre de l’Energie, Youcef Yousfi. Pendant plus de deux mois, les militants opposés à l’exploitation du gaz de schiste ont occupé le centre de la ville d’In Salah, organisé périodiquement des rassemblements devant le site en question à Ahnet. Certaines de leurs actions se sont transformées en émeutes, suite à l’intervention musclée des forces du maintien de l’ordre. Leur résistance pendant de longs mois n’a pas fait fléchir le gouvernement. Le président Bouteflika lui-même, dans un message écrit à l’occasion de la fête de la Victoire le 19 mars dernier, avait confirmé l’option irréversible du gaz de schiste, tout en assurant que le gouvernement veillerait au respect de la nature, de l’environnement et de la santé des citoyens. Des assurances qui n’ont pas convaincu les anti-gaz de schiste qui refusent le fait accompli.
Rafik Meddour