Le Collectif des Mozabites en Europe : «Une véritable déstabilisation de l’Algérie est en cours»
Dans un appel aux Algériens, le président du Collectif des Mozabites en Europe (CME), Abdallah Zekri, avertit que «ce qui se passe aujourd'hui au M'zab n'est que le premier pas qui mène aux situations inextricables dont il sera difficile de s'en sortir». Pour lui, «ce qui se passe au M’zab peut arriver dans n'importe quelle région de notre pays». Alarmé, Abdallah Zekri note qu’«à Ghardaïa, Bounoura, Berriane, les criminels et les voyous pillent, brûlent, tuent en toute impunité», et s’interroge : «Existe-t-il une autorité politique dans notre pays pour arrêter le massacre ? Jusqu'à quand ce silence assourdissant ? Où est le président de la République ? Où est le Premier ministre ? Que sont devenues les promesses répétées de ce dernier de rétablir l'ordre républicain et la justice ?» Il accuse «certaines troupes des forces de l'ordre» de «refuser d'intervenir» et «certains éléments de ces derniers» de «participer aux pillages et aux agressions». Le président du CME met en garde contre «les terroristes et certains de leurs idéologues dans les rouages politiques prônent explicitement par des prêches, par des marches takfiristes haineuses et par des déclarations publiques, la nécessaire disparition des Mozabites en tant qu'entité religieuse, culturelle et linguistique» et dénonce «le silence incompréhensible des autorités de notre pays» qui «encourage la poursuite» de ces «agressions criminelles». Abdallah Zekri précise bien, donc, que les auteurs de ces crimes sont les extrémistes religieux et pointe un doigt accusateur vers les autorités qui «ne semblent pas prendre la mesure de la gravité de la situation». Et de s’interroger, à nouveau, inquiet : «Sommes-nous en train d'assister aux premières prémices d'une remise en cause (…) de tout le savoir-vivre-ensemble forgé par l'histoire et l'expérience de nos communautés culturelles et des simples citoyennes et citoyens ?» Abdallah Zekri reproche aux autorités politiques de «donner l'illusion du devoir accompli» en se contentant de se déplacer épisodiquement dans la région pour rencontrer les notables et leur prôner le dialogue et la concorde. «Elles (les autorités) n'ont jamais mis en œuvre aucune mesure économique et sociale sérieuse à l'égard des populations les plus fragilisées de la wilaya. Elles n'ont jamais pris de mesures sécuritaires justes et adéquates pour arrêter les véritables fauteurs de troubles». Pour le CME, les autorités du pays font preuve d’«amateurisme» et de «laxisme», encourageant ainsi la violence et «enracinant les ressentiments, les rancœurs et les haines». Il dénonce «avec force et fermeté l'absence d'une volonté politique sérieuse pour mettre fin à cette tragédie» et «exige une intervention ferme, juste et immédiate des forces de sécurité pour assurer la protection et la sécurité des populations du M'zab, pour arrêter les assassins et mettre hors d'état de nuire les terroristes». Le comité présidé par Abdallah Zekri demande, enfin, «à tous les Algériens d'exiger des dirigeants de notre pays d’intervenir pour protéger les populations soumises aujourd'hui au diktat des terroristes dont l'objectif, à travers le M'zab, est la création de zones de chaos et de non-droit favorables à tous les trafics. Il s'agit de l'avenir et du sort de toute la communauté nationale».
Karim Bouali