Le mal est fait
Par R. Mahmoudi – Chargé par le chef de l’Etat de veiller à l’application des mesures annoncées pour rétablir l’ordre et la sécurité à Ghardaïa, après la tragédie d’hier, le Premier ministre a réitéré «la détermination de l’Etat et toutes les institutions» à faire face, dit-il, aux fauteurs de troubles, et ce, par l’application «stricte» de la loi pour leurs atteintes à la sécurité des personnes et de leurs biens. Un discours ressassé depuis plusieurs mois, sans qu’aucune avancée n’ait été enregistrée sur le terrain. Au contraire, la situation n’a fait que s’envenimer. Or, ce qui était attendu du gouvernement en ces moments difficiles, ce sont des mesures concrètes, fortes, courageuses, décisives et susceptibles de rétablir la confiance dangereusement rompue dans cette région du pays, entre la population et les pouvoirs publics censés assurer sa protection. Car, si c’est seulement à partir de maintenant que l’Etat va commencer à devenir plus strict dans l’application de la loi, parce qu’il y a eu autant de morts, on ne sait pas quand la situation pourra être assainie et quand la paix reviendra enfin dans la paisible oasis du M’zab. Il fallait y penser avant, pour éviter l’hécatombe de ce triste mercredi. C’était pourtant facile d’anticiper les événements, puisque toute l’opinion était déjà avertie, depuis quelques semaines, de cette grave escalade de la violence, doublée d’une menace terroriste latente. Il y a longtemps que l’armée aurait dû être chargée du rétablissement de l’ordre dans cette région. Sa présence était surtout nécessaire pour parer à tout risque d’intrusion de groupes armés qui pourraient y trouver un terrain propice. Pour le reste, c’est-à-dire tout ce qui a trait à la préservation de la cohésion sociale, au dialogue intercommunautaire, à la neutralisation des facteurs de discorde, nombreux et complexes, aux poursuites envisagées contre les fauteurs de troubles, il appartient au gouvernement et aux forces politiques de s’y atteler sans perdre une seconde de plus. S’il n’est pas déjà trop tard.
R. M.
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