L’ex-député Bernard Deschamps : «Certains milieux ont-ils décidé de créer des difficultés à l’Algérie ?»
Les autorités algériennes ne sont pas les seules à dénoncer une résolution du Parlement européen «sur l’incarcération de militants des droits de l’Homme et des travailleurs en Algérie». L’ancien député du Parti communiste français, Bernard Deschamps, dénonce une «scandaleuse» collusion de la gauche y compris communiste, avec la droite et l’extrême-droite. Cet homme politique français juge inacceptable qu’«une minorité de députés engage «le Parlement européen dans son ensemble». Il considère, de ce fait, que le fonctionnement du Parlement européen «n’est donc pas démocratique», une institution qui «prétend faire la leçon aux autres pays». C’est, pour lui, «une arrogance insupportable». «En ne faisant pas constater l’absence de quorum, les auteurs de la proposition de résolution ont confirmé leur volonté de nuire à l’Algérie à n’importe quel prix», écrit Bernard Deschamps, pour lequel cette résolution adoptée «est une ingérence intolérable du Parlement européen dans la politique intérieure d’un pays tiers», contre laquelle les autorités algériennes ont vivement protesté. Cet ancien député français décortique la résolution qui, selon lui, hormis quelques passages positifs, «constitue une critique systématique de la politique intérieure de l’Algérie ». Pour Bernard Descamps, le Parlement européen «affiche sélectivement son soutien à certaines organisations algériennes» et «demande aux autorités algériennes d’assurer et de garantir le droit à la liberté d’expression (…) alors que plusieurs dizaines de quotidiens nationaux d’opposition existent et sont particulièrement virulents», précise cet ancien parlementaire français. Il relève également la demande faite au Service européen pour l’action extérieure et aux Etats membres de «suivre de près l’ensemble des procès et procédures judiciaires à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et des militants pour le droit au travail en assurant la présence de représentants de la délégation de l’Union européenne et des ambassades des Etats membres à Alger, ainsi que d’en informer le Parlement». Bernard Descamps, qui connaît bien les arcanes du Parlement européen, assure qu’il s’agit là d’un «appel direct aux ambassades des Etats occidentaux à se comporter en chevaux de Troie et à faire pression sur les tribunaux algériens». Pour lui, rien ne doit être imposé de l’extérieur à un pays. «Chaque peuple doit, en effet, pouvoir avancer à son rythme, en fonction de son histoire, de sa culture et des conditions concrètes auxquelles il est confronté», affirme-t-il, rappelant comment l’ingérence étrangère à détruit des pays entiers. «N’oublions pas que c’est sous le prétexte de la démocratie et des libertés que les Etats occidentaux sont intervenus militairement en Irak, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Libye, en Syrie, etc.» «On est donc conduits à s’interroger (…) pourquoi une telle résolution maintenant ? «Certains milieux ont-ils décidé de créer des difficultés internes à l’Algérie au moment où elle doit faire face aux problèmes posés par la baisse de ses ressources induite par la baisse des prix des hydrocarbures et à susciter un climat hostile à son égard dans l’opinion publique internationale ?», s’interroge-t-il encore. «Cette résolution inique n’est pas un épiphénomène. L’alliance conclue dans ce but par plusieurs groupes politiques du Parlement témoigne de son caractère concerté. Il s’agit d’une nouvelle offensive contre l’Algérie à laquelle nous devons prêter une grande attention afin de la déjouer», conclut-il. Ces avertissements d’un homme politique français interviennent au moment où les autorités algériennes font face au brasier rallumé de Ghardaïa.
Rafik Meddour