Stora : «La relation entre l’Algérie et la France n’est pas simple»
L’historien français Benjamin Stora est revenu sur sa récente visite en Algérie, dans le cadre de la délégation qui a accompagné le président français François Hollande en juin dernier. «L’Algérie, j’y suis né. J’ai passé mon enfance à Constantine, sur le rocher, en face des gorges du Rhummel», a affirmé le président du musée de l’immigration, dans un entretien à la publication de l’ambassade de France à Alger, Binatna.Stora évoque une enfance «à la fois marquée par l’intimité joyeuse familiale et en même temps difficile, marquée par la guerre d’indépendance», ainsi que son travail académique sur l’histoire de l’Algérie qu’il a commencé à partir des années 1970 : «J’ai notamment établi, seul, un dictionnaire des acteurs du nationalisme algérien qui comportait 600 biographies. Le travail académique permet d’aller vers d’autres sociétés, d’autres univers, de circuler à travers l’immensité algérienne, du Sahara aux grandes métropoles en passant par la Kabylie et les Aurès», a expliqué Benjamin Stora. Au sujet des relations entre l’Algérie et la France, l’éminent historien estime que celles-ci ne sont pas simples «parce que 132 ans de présence coloniale française ne peuvent pas s’effacer des esprits très rapidement. Il faut du temps, des efforts à la fois politiques et culturels. C’est ce qui a été entrepris : faire en sorte de se comprendre mieux d’une rive à l’autre de la Méditerranée, pour essayer d’abaisser les peurs, mais aussi les fantasmes et les préjugés qui peuvent exister. C’est ce travail qui a commencé depuis quelques années», a-t-il soutenu. Interrogé sur les projets évoqués avec les responsables algériens lors de sa visite, Benjamin Stora a fait état de deux rencontres, l’une avec le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et l’autre avec la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, avec lesquels il a abordé le Salon du livre à propos duquel le ministre de la Culture lui a fait part de son intention d’inviter «un certain nombre d’auteurs et de romanciers français». Il a également été question de l’organisation de manifestations dans le cadre de l’événement «Constantine capitale de la culture arabe». De même qu’a été évoquée la possibilité d’une participation du musée de l’immigration au festival du film sur l’immigration qui aura lieu l’année prochaine à Annaba. Avec la ministre de l’Education, Benjamin Stora a discuté des programmes scolaires d’histoire. «Ce qui compte, pour l’avenir de la relation (entre l’Algérie et la France, ndlr), c’est de réaliser des projets», a souligné ce spécialiste de l’histoire algérienne contemporaine, au magazine électronique de l’ambassade de France à Alger.
Lina S.