Trois fournisseurs d’accès à Internet dénoncent le laxisme de l’ARPT
Trois fournisseurs d’accès à Internet, Anwarnet, Icosnet et SLC, se disent excédés par l’attitude de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), qui ne joue pas son rôle de régulateur, et dénoncent le retour au monopole, dans le domaine du téléphone fixe en particulier, et ce, en violation totale des textes réglementaires actuellement en vigueur. Les trois opérateurs tirent la sonnette d’alarme et crient leur désarroi devant «le laisser-aller quant à l’application des lois de la République». Dans un communiqué rendu public à l’occasion d’une conférence de presse organisée cette semaine à Alger, les trois opérateurs nouvellement constitués en association (l’association des opérateurs télécoms alternatifs, AOTA) pour défendre leurs intérêts, disent avoir «pris le risque d’investir parce que la loi 2000-03 leur donnait les garanties d’une concurrence loyale et saine à travers une autorité de régulation indépendante et autonome». Or, ces opérateurs ont appris à leurs dépends que la réalité est toute autre à cause des pratiques du régulateur ainsi que son laxisme, voire sa complicité avec l’opérateur historique. Anwarnet, Icosnet et SLC estiment que le retour au monopole au profit d’Algérie Télécom, est contraire à «la déclaration de politique sectorielle des TIC telle que définie par le président de la République en 1999, ainsi que la loi 2000-03 qui définit, dans le détail, les missions, les objectifs et les rapports qui devraient exister entre les différents acteurs du monde des TIC». Ce monopole de fait s’est graduellement érigé, selon ces fournisseurs d’accès à Internet, «en une véritable barrière sur laquelle tous les opérateurs économiques, mais aussi toute entreprise du secteur, qu’elle soit grande, moyenne ou petite, s’est trouvée démunie, sans moyens et très vite sans avenir face à un climat des affaires délétère qui a fait disparaître la grande majorité d’entre elles». Pour Anwarnet, Icosnet et SLC, «cela s’apparente à un assassinat économique où les opérateurs, des fournisseurs d'accès à Internet (ISP), des éditeurs et développeurs de logiciels, des fournisseurs de contenus ainsi que tous les autres acteurs qui étaient susceptibles de contribuer au développement des TIC, ont été les victimes». Les trois opérateurs mettent en avant, en effet, des chiffres peu reluisants de la situation des TIC dans notre pays. Ils relèvent notamment la disparition de la quasi-totalité des ISP, les fournisseurs de services et d’accès à Internet ; l’absence d’offres compétitives d’accès à Internet concurrentielles pour le grand public ; la pratique des tarifs d’accès au Mbps à Internet parmi les plus élevés au monde contrairement à ce qui se passe chez les pays voisins, à l’instar de la Tunisie ou le Maroc. Ils notent aussi que la compétitivité globale de l’Algérie «a connu un recul progressif depuis 2006 en matière de connectivité». Dans les classements mondiaux, l’Algérie occupe la 100e position sur 145 pays, en recul de 23 points depuis 2006. Elle est classée parmi les 15 derniers pays et avant-dernière dans le classement des pays à revenu comparable, tous indicateurs confondus. En matière d’usage des TIC, de réceptivité technologique, de disponibilité des dernières technologies et d’étendue de la chaîne de valeur, l’Algérie est classée respectivement 108e, 129e, 136e et 126e sur les 145 pays concernés, loin derrière des pays dont le revenu moyen est pourtant inférieur. «Il est grand temps que les lois de la République soit tout simplement appliquées pour le bien de tous et en particulier pour celui du citoyen (…) qui en droit d’avoir et de réclamer non seulement un bonne connexion Internet en accord avec ce qu’Algérie Télécom annonce comme bande passante disponible, mais il devrait surtout avoir un accès à tout ce que l’ère numérique peut aujourd’hui lui fournir», concluent les membres de l'AOTA.
Meriem Sassi