Baisse des prix du pétrole : la crise plus imminente que prévu ?
La crise économique qui se profile en Algérie risque d’être plus difficile et plus imminente que prévu. Alors que la Banque d’Algérie dresse un tableau peu reluisant de la situation financière au premier trimestre 2015, un accord vient d’être conclu sur le nucléaire iranien, ce qui augure de nouvelles peu reluisantes concernant le marché pétrolier. Le retour de l’Iran en tant que pays exportateur de pétrole sur le marché mondial risque, en effet, de plomber les prix encore plus qu’ils ne le sont actuellement. Les cours de l’or noir ont d’ailleurs déjà fortement chuté, poussant les cours sous la barre des 57 dollars pour le Brent. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait averti il y a quelques mois qu’à 50 dollars le baril, les réserves de change du pays pourraient tomber à 9 milliards de dollars en 2019. Une prévision qui risque de se concrétiser plutôt que prévu, mettant le pays dans une situation fort dangereuse. Il est à rappeler que la Banque d’Algérie a annoncé, aujourd’hui, dans sa note sur les tendances financières et monétaires au premier trimestre 2015 que les réserves de change de l’Algérie ont enregistré une forte contraction, en s’établissant à 159,918 milliards de dollars à fin mars 2015 contre 178,938 MDS de dollars à fin décembre 2014 sous l’effet du choc externe résultant de la baisse drastique des cours de pétrole. La BA indique, par ailleurs, que les finances publiques ont subi l’impact de la chute des prix du pétrole depuis mi-2014. En effet, l’impact sur les finances publiques, fortement tributaires de la fiscalité pétrolière, se reflète dans le creusement du déficit budgétaire et l’érosion plus rapide des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR). Sous l’effet de la baisse des recettes de la fiscalité pétrolière (-28,2%) par rapport au premier trimestre 2014, la capacité de financement du Trésor s’est contractée de 571,6 milliards de dinars au premier trimestre 2015, chutant à 3 916,5 milliards de dinars à fin mars 2015 (contre 4 488,1 MDS de dinars à fin décembre 2014 et 5 088,6 MDS de dinars à fin mars 2014). En conséquence, les ressources du FRR ont été largement entamées pour couvrir le déficit budgétaire qui s’est élargi au premier trimestre 2015 (476,8 MDS de dinars), alors qu’il était de 432,3 MDS de dinars au premier trimestre de l’année 2014. Au premier trimestre 2015, le solde global de la balance des paiements, véritable baromètre de la santé financière du pays, a affiché un déficit record de 10,72 milliards de dollars contre seulement 98 millions de dollars à la même période de 2014, selon les chiffres de la BA. En détail, le compte courant de la balance des paiements a enregistré un important déficit de 7,78 milliards de dollars au premier trimestre de l’année en cours, déficit dû essentiellement à la chute des prix du pétrole et des quantités exportées, d’une part, et à l’important transfert de dividendes cumulés, d’autre part.
Meriem Sassi