Incontinence obsessionnelle
Par R. Mahmoudi – Après avoir été ré-intronisé à la tête du FLN, dans les circonstances que tout le monde connaît, puis cautionné symboliquement par les plus hautes autorités du pays, Amar Saïdani se rêve en futur roi. S’il n’a jamais affiché son ambition de briguer un jour le poste de président de la République, ses petits gestes trahissent son désir de jouer dans la cour des grands. Son refus obstiné de reconstituer l’alliance présidentielle avec le RND d’Ahmed Ouyahia, ses relations ambigües avec l’opposition et les nouveaux soutiens du pouvoir (FFS et PT), les libertés qu’il prend à mêler le nom du chef des services de renseignements dans toute intervention qu’il fait, sa manière plutôt narcissique de parler d’un sujet aussi capital que la révision de la Constitution, dénotent une véritable obsession pour le pouvoir qu’il ne peut plus contenir. Pour y parvenir, il sait qu’il lui faudra non seulement avoir les coudées franches, mais surtout être le seul prétendant en lice. Ce qui est loin d’être le cas. Or, dépourvu de charisme et d’expérience politique, il sait qu’il n’a que très peu de chances de passer devant les figures qui sont en vue sur la scène politique. C’est la seule explication à donner à ses lubies et à ses attitudes offensives, à la fois sur le remaniement de l’Exécutif, qu’il revendique toujours au nom de la majorité que détient son parti à l’Assemblée, et sur la révision de la Constitution, dont la gestion protocolaire relève pourtant de la responsabilité du chef de cabinet du président de la République. Deux leviers que le patron du FLN ne s’est pas gêné de s’approprier pour se forger une aura. Sa nouvelle stratégie consiste, dans une première étape, à provoquer virtuellement une guerre de positions qui lui permettrait d’abord d’avancer son jeu, et de tisser des alliances politiques plus larges – il parle d’un «front interne», à la place d’une coalition de quatre partis que propose Ouyahia. A travers ses relais politico-médiatiques, Saïdani s’emploie depuis quelques jours à essayer de neutraliser les deux dauphins que sont Ouyahia et Sellal, en les montrant (derrière le rideau) dans une posture de duel à mort pour une succession à laquelle il fait mine de ne pas s’intéresser.
R. M.
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