Daech et nous
Par Houari Achouri – Le discours officiel sur Daech en Algérie s’est contredit à quelques mois d’intervalle. Au plus fort des effroyables exécutions-spectacles commises par Daech et retransmises par vidéo, Abdelmalek Sellal, Premier ministre, avait tourné en dérision ce groupe terroriste et affirmé qu’il n’existait pas dans notre pays. C’était en octobre 2014, dans un discours prononcé à l’occasion d’une tournée qui l’avait conduit aux frontières sud, à In Guezzam. «L’Algérie est à l’abri de Daech», avait-il asséné, en ajoutant que «le Maghreb et l’Afrique du Nord ne peuvent pas connaître Daech». Mais, ces derniers jours, le samedi 11 juillet précisément, devant les cadres de son parti de la wilaya d’Alger, Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet du président Bouteflika et nouveau secrétaire général du RND, sorti d’un assez long silence, a dit une toute autre chose en prenant au sérieux cette menace. Il a évoqué Daech comme un des dangers environnants qui guettent l’Algérie, allusion certaine à la présence bruyamment médiatisée de ce groupe terroriste sur le territoire libyen. Il paraît, d’ailleurs, que les Etats-Unis cherchent un terrain en Afrique du Nord pour une base de drones qui feraient la chasse à Daech dans la région, c'est-à-dire en Libye, pays voisin, d’où partent toutes les menaces. La vidéo de Daech, déclarant la guerre à l’Algérie, qui fait en ce moment le tour des sites d’information, tombe étrangement, de façon opportune, tel un argument de poids en faveur de la demande américaine face aux réticences des pays concernés à offrir une plateforme pour les drones tueurs de l’armée de l’air américaine. Les Algériens, très proches des événements, ne peuvent oublier que tout a commencé par le chaos que les Etats-Unis et leurs alliés de l’Otan ont provoqué en Libye, avec l’assassinat de Mouammar Kadhafi, comme s’ils voulaient préparer les conditions de l’installation de Daech, fortement soupçonné d’être l’émanation des services secrets américains. Pour sa part, notre armée s’attelle à extirper les germes qui pourraient pousser Daech vers l’Algérie. La preuve : les criminels qui avaient fait, chez nous, allégeance à ce groupe terroriste, avant d’enlever et assassiner, dans le Djurdjura, l’alpiniste français Hervé Gourdel, ont été pratiquement tous anéantis.
H. A.
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