Comment Algérie Télécom compromet l’avenir des NTIC en Algérie par sa mauvaise gestion
Algérie Télécom a fait de la modernisation de son réseau de distribution son leitmotiv, depuis 2009. Pourtant, en 2015, la situation «n’a pas changé d’un iota», indiquent des experts en télécommunications sollicités par Algeriepatriotique.Les fils enchevêtrés qui pendent disgracieusement au-dessus de nos têtes dans toutes nos villes montrent d’une manière explicite la manière dont est conçu le réseau de distribution d’Algérie Télécom (voir photo). «L’assainissement de cette toile d’araignée au sens propre du mot se fait à un rythme très lent», notent les experts qui précisent que la pose des fibres optiques «ne correspond à aucune norme de réalisation», d’où les nombreux dérangements et les mauvaises connexions dont se plaignent les usagers. Ces experts pointent «un problème de conscience professionnelle et d’absence de contrôle». «Le déploiement des réseaux de télécommunication en particulier et des TIC en général ne s’improvise pas», expliquent nos sources qui précisent qu’une telle opération «nécessite une maîtrise complète du processus et un développement des compétences afin de mieux gérer les différents projets en première phase, et assurer la gestion des opérations de supervision, d’exploitation et de maintenance, en seconde phase». Ce qui n’est assurément pas le cas chez l’opérateur historique de la téléphonie fixe. Pour nos sources, «les futurs investissements doivent impérativement accorder une priorité absolue au réseau de distribution pour le rendre efficace et améliorer la qualité des services offerts». Ces experts soulignent également la nécessité de «créer de nouveaux réseaux de distribution pour la desserte des nouvelles cités en câbles optiques offrant ainsi une meilleure qualité de transport du haut débit, avec des coûts d’investissements plus faibles par rapport au câble en cuivre». Ils préconisent également «l’établissement d’un plan national de développement en fibre optique pour une meilleure desserte des wilayas pour donner plus de visibilité aux futurs investissements et éviter ainsi les erreurs commises par le passé et qui ont conduit à une sous-optimisation et une sous-valorisation des investissements consentis» par l’Etat. Pour illustrer la mauvaise gestion dans ce secteur stratégique, nos sources révèlent que la capacité en paires des câbles de distribution est de 5,9 millions, alors que 2,7 millions seulement paires sont affectées, d’où une disponibilité de 3,2 millions de paires pouvant servir à connecter trois millions de nouveaux clients. Mais ce réseau hétéroclite nécessite un assainissement et une mise à niveau pour l’adapter au haut débit, sachant que 80% du parc ne l’est pas, causant ainsi les chutes dans le débit d’Internet dont se plaignent tout le temps les usagers. Nos sources relèvent que les 3 millions d’abonnés à la téléphonie fixe et 1,5 million d’abonnés à l’ADSL sont «gérés de bout en bout» par un effectif global de 23 000 employés d’Algérie Télécom, soit 8 agents pour 1 000 lignes fixes et 19 agents et 9 techniciens pour 1 000 lignes ADSL. Un ratio «qui dépasse largement la norme internationale qui est de 2 agents pour 1 000 lignes téléphoniques et ADSL», selon ces experts, frustrés par le grand retard de notre pays dans le domaine des télécommunications «malgré ce riche effectif bien rémunéré ainsi que les outils de gestion informatisée du réseau mis par l’Etat à la disposition d’Algérie Télécom». Une entreprise qui n’arrive pourtant pas à valoriser des investissements colossaux et offre une piètre qualité de service et fait preuve d’un manque de réactivité criant. «Cette situation résulte essentiellement de la mauvaise gestion des ressources par les managers d’Algérie Télécom», signalent nos sources qui mettent en avant la contradiction flagrante entre les équipements d’accès et de transmission de dernière génération acquis par Algérie Télécom et son incapacité à «offrir le débit voulu avec la qualité voulue».
Karim B.