Qui est insulté quand on dit «pouvoir mafieux» ?
Mon métier de sémioticien me porte tout naturellement à m’intéresser au sens des sens, des mots et des dits, des non-dits et des sur-dits et même à la mécanique de l’allusion. C’est un boulot aussi fastidieux et quelconque que n’importe quel autre job.
Il est courant d’entendre parler, ici chez nous, de pouvoir mafieux, de la mafia du pouvoir et, le plus souvent, depuis le règne éphémère de feu Boudiaf, de mafia politico-financière.
Mon métier de sémioticien me porte tout naturellement à m’intéresser au sens des sens, des mots et des dits, des non-dits et des sur-dits et même à la mécanique de l’allusion. C’est un boulot aussi fastidieux et quelconque que n’importe quel autre job.
Il est courant d’entendre parler, ici chez nous, de pouvoir mafieux, de la mafia du pouvoir et, le plus souvent, depuis le règne éphémère de feu Boudiaf, de mafia politico-financière.
Mais, en retournant les choses dans le vrai sens de l’entendement, on en arrive, dans le concert des jugements et des verdicts négatifs énoncés, surtout dans les intentions déclarées à vouloir juger négativement les dirigeants politiques algériens, ces élites qui gèrent les richesses publiques, on constatera une unanimité à reconnaître à ce pouvoir régnant : mafieux et donc corrompu. Tous les commentaires convergent vers cette seule et même observation. Les dirigeants algériens sont subséquemment et invariablement comparés ou carrément confondus sinon assimilés à la mafia. C’est ainsi que qu’on lit ou on entend souvent dans les littératures politiques de rejet y compris dans le petit discours quotidien de rue, les termes de «pouvoir mafieux», «clan mafieux», etc. Ce qui porte les Algériens dans leur totalité à qualifier globalement leur pays, l’Algérie, de «Bled Mickey».
Mais, après avoir observé de plus près les comportements des uns et des autres, je suis arrivé à un constat différent et à des questionnements bien plus simples.
Quand on dit pouvoir mafieux, est-ce la mafia ou le pouvoir algérien qui est insulté ? Mon intime conviction est que dire «ce pouvoir mafieux et corrompu» c’est d’abord commettre, en termes linguistiques, un double pléonasme en tordant le cou à la langue française. C’est surtout insulter la mafia que de l’assimiler et la comparer aux dirigeants du pouvoir algérien. Voici pourquoi :
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien utiliser le drapeau italien à son profit, pour la bonne marche de ses affaires ? Jamais.
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien squatter un bien public genre Club des Pins ? Privatiser un espace public ? Un jardin public ? Détourner un dispensaire ? Jamais.
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien brûler un feu rouge ? Bloquer la circulation pour se rendre à son travail ? Ne pas payer son essence ? Son assurance ? Jamais.
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien ne payer ni loyer, ni électricité, ni gaz, ni eau, ni réparations domestiques ?
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien se faire soigner à l’étranger au frais du contribuable italien pendant que les non pistonnés crèvent dans des mouroirs appelés hôpitaux ? Jamais.
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien se faire envoyer à la retraite avec primes et salaires complet dès ses 35 ans ? Jamais.
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien faire bénéficier en priorité sa famille, ses maîtresses et ses amis des sucreries et gâteries à l’étranger (diplomates, fonctionnaires internationaux, etc.) ? Jamais.
– A-t-on vu une seule fois un gros mafioso italien dire à une juge : «Oui, j’ai détourné ces milliards d’argent des travailleurs et j’assume !», et ne pas sortir du tribunal menotté ? Jamais.
– A-t-on vu une seule fois un mafioso italien recherché par toutes les polices nationales quitter son pays par le salon d’honneur ? Jamais.
La liste des comparaisons est bien longue.
M. A.
Ndlr : Les idées et opinions exprimées dans cet espace n’engagent que leurs auteurs et n’expriment pas forcément la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.