«Touche pas à mon église» : une fable politique pour les présidentielles de 2017 ?

Par l’Anaaf – Nous avons, en tant que citoyens d'origine algérienne et de confession musulmane, l'impression de vivre, depuis plusieurs années, une mise en scène de la merveilleuse fable de La Fontaine : «Les animaux malades de la peste». Ayant épuisé les munitions de l'islamophobie et n'ayant peut-être plus rien à se mettre sous la dent, sachant que tous les coups sont permis pour gagner une élection, certains hommes politiques français, sans morale ni honneur politique, viennent de lancer la pétition «Touche pas à mon église». Dire que leur initiative est pitoyable est un bien faible mot. Il y en aurait d'autres. Nausée ! Faute, en effet, d'élaborer des programmes sérieux pour résoudre la catastrophe économique et financière qui étouffe le pays, certains hommes et femmes politiques, au premier rang desquels figure l'ancien président de la République, Monsieur Nicolas Sarkozy, se sentent obligés de chercher et de trouver un bouc émissaire, car ils refusent de faire leurs bilans et d'être confrontés à leurs propres responsabilités et leur démagogie politique qui ont provoqué le malheur social et économique de tous les citoyens français. Plusieurs millions d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté depuis plus d'une décennie ou subissent les affres du chômage qui dépasse les 10% de la population active ! Il s'agit donc pour ces nouveaux adeptes de la «pétition virtuelle» de crier «haro sur l'islam en France», en exploitant médiatiquement la «providentielle bourde» du recteur de la Grande Mosquée de Paris, pour faire dans la diversion politique et de chercher ainsi les galeux d'où viendrait tout «le mal français». Avec «Touche pas à mon église», il s'agit en vérité de transformer plusieurs millions de citoyens d'origine algérienne ou de confession musulmane en véritables baudets d'une nouvelle fable politique pour les élections présidentielles de 2017. Que ces nouveaux virtuoses de la pétition se rassurent, nous n'avons nullement envie de «squatter», de «voler» ou d'occuper par la force ou la violence les églises de France, désertées par les croyants chrétiens, pour en faire des mosquées. Non et trois fois non, et parce que nous sommes les descendants de ceux qui furent aux premiers rangs de la civilisation humaine, nous ne nous comporterons pas comme le maréchal Lyautey qui, pour justifier la transformation des mosquées de nos aïeux en églises, affirma : «Ici, en Afrique du Nord, nous retrouvons partout sur nos pas la trace de Rome : ce qui prouve bien que nous sommes ici à notre place, c'est-à-dire aux premiers rangs de la civilisation.» Saurons-nous ne pas accepter d'être le baudet de cette fable, résister et nous souvenir, en 2017, de la stigmatisation et du chantage de tous ces cuistres politiciens qui pratiquent le jeu de la «roulette électorale» et instrumentalisent les propos maladroits et irréfléchis, voire irresponsables du docteur Dalil Boubakeur, au demeurant ami de Monsieur Nicolas Sarkozy, pour signer le slogan «Touche pas à mon église» qui aggravera la pandémie mortelle de l'islamophobie et risque de mettre en cause la cohésion et la paix sociale en France. Pour comprendre le message de «Touche pas à mon église», souvenons-nous de «Touche pas à mon pote» que feu François Mitterand avait alors soutenu dans les années 80 pour, d'une part, casser le mouvement de plus de cent mille jeunes, massivement d'origine algérienne et venus de toutes les banlieues françaises en marchant vers Paris, pour crier halte aux assassinats racistes dont beaucoup d'entre eux avaient été victimes, et d'autre part, enrichir SOS racisme, favoriser les carrières d'un certain nombre d'étudiants recyclés dans la politique et faire monter le Front national de Jean-Marie Le Pen afin d'empêcher le RPR de Jacques Chirac, et ses alliés de l'époque, de gagner les élections législatives… Toutes les fables politiques préparées ces derniers mois pour les élections présidentielles de 2017 tendent à s'inspirer des mêmes clichés, des mêmes formules, des mêmes généralisations outrancières, du même racisme cru de l'époque coloniale et qui se cache, aujourd'hui, derrière le combat antiterroriste. Il nous importe donc d'être vigilants et de nous mobiliser massivement pour le congrès de l'Anaaf, prévu en mars 2017, si nous voulons éviter de jouer collectivement «le baudet» de ces fables politiques mises en scène pour les prochaines élections présidentielles !
Anaaf

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