La «bataille» d’Alger
Par R. Mahmoudi – Le Président français a promptement réagi à l’attentat meurtrier qui a coûté la vie à neuf soldats à Aïn Defla, en adressant un message de solidarité et de compassion à son homologue algérien (lire dans la rubrique Documents). L’intérêt de ce message tient au fait que François Hollande ait tenu à rappeler, subtilement et sans gros mots, sa proximité avec Alger, contrairement à la grosse bourde lancée contre l’Algérie par son prédécesseur et néanmoins rival politique, le revenant Nicolas Sarkozy. François Hollande s’est donc, et sans le vouloir, renchéri auprès des Algériens, de France et d’Algérie, qui ont été choqués par le mépris avec lequel ils ont été traités, en public et dans un pays voisin, par celui qui veut revenir aux affaires pour achever son «œuvre» en Libye. Même si lui-même, on s’en souvient, a lourdement dérapé contre l’Algérie, il y a deux ans, en parlant devant ses ministres d’un pays «infréquentable». Les deux challengers se retrouvent ainsi sur un même terrain de bataille, à travers des discours modulables selon la circonstance et la position de chacun. Car, demain, Sarkozy pourrait très facilement redevenir, s’il est élu, «le grand ami» de l’Algérie qu’il fut, et prêter son discours aigre-doux à ses adversaires. Faut-il se réjouir du fait qu’Alger devienne, le temps d’une joute préélectorale, le passage obligé pour les dirigeants politiques français ? Faut-il accepter que l’Algérie continue à prêter le flanc à leurs jeux capricieux et à se complaire dans ce rôle peu flatteur de souffre-douleur ? Quand on voit qu’aucune instance officielle, en dehors de l’ONM et quelques autres survivances de l’ancien parti-Etat, n’a réagi aux attaques vénéneuses de Sarkozy, on peut se douter de la capacité et de la volonté de nos dirigeants de s’affranchir définitivement de leur double jeu.
R. M.
Comment (23)
Les commentaires sont fermés.