Un ancien du MCB à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports
Contre toute attente, Ould Ali El-Hadi vient d’être nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, en remplacement d’Abdelkader Khomri, malade depuis quelque temps. C’est au moment où on le disait «lâché par ses parrains» et même par les autorités locales, après l’estocade que lui avait porté un groupe d’artistes en février dernier à Tizi Ouzou, et n’ayant plus de «soutiens» depuis le départ de Khalida Toumi du ministère de la Culture, qu’il rebondit pour surprendre son monde avec cette «consécration». Cette ascension fulgurante d’Ould Ali El-Hadi, il la doit d’abord à sa persévérance à la tête de la direction de la culture et de la maison de la culture de Tizi Ouzou, et à sa résistance face aux incessantes pressions de la rue et des milieux politiques, et notamment de son ancien parti, le RCD, qui ne ratent pas une occasion pour le descendre en flammes. Jeté à la vindicte populaire, accusé de corruption et d’avoir toujours cherché à soudoyer les hommes de culture de la région, il a essuyé plusieurs fois l’affront et l’humiliation lors des échéances électorales où il s’affiche publiquement, et parfois avec zèle, en faveur des candidats du pouvoir. Une attitude qui lui a valu des sobriquets peu élogieux comme celui de «Bachagha Ould Ali». C’est le parcours d’un ancien militant du Mouvement culturel berbère (MCB) qui a eu à diriger, en pleine grève du cartable de 1994-1995, une des deux factions du mouvement (Coordination nationale, inféodée au RCD). Les Algériens gardent de lui le souvenir d’un passage à la télévision, en 1995, où il se montrait intransigeant sur la constitutionnalisation de la langue amazighe, et affichait un air d’opposant farouche. Jeune, dynamique et bon tribun, il était promis à des responsabilités plus importantes au sein de son parti. Mais il a préféré claquer la porte, dans la vague de démissions qui a vu deux vice-présidents du parti – et deux futurs ministres, Khalida Toumi et Amara Benyounès – rompre tout lien avec le RCD.
R. Mahmoudi