Changements à la tête de plusieurs institutions : l’étrange communication officielle via une télé privée
Plusieurs changements au sein des grandes institutions de l’Etat ont été effectués ces trois derniers jours. D’un remaniement gouvernemental à un changement au sein de trois corps de sécurité sensibles, les décisions ont été prises par la présidence de la République. Ce ne sont pas les changements qui relèvent naturellement des prérogatives du chef de l’Etat qui sont étonnants mais plutôt les canaux choisis pour les communiquer. Habituellement, ce sont l’Agence Algérie presse service (APS) et la Télévision publique qui font part de telles décisions en se référant à des communiqués émanant de la présidence de la République. Mais cette fois-ci, on constate un changement dans le mode communicationnel officiel, en optant pour des fuites organisées via un média privé qui n’est autre que la télévision Ennahar. Depuis jeudi, c’est cette chaîne qui transmet les grandes décisions prises à la présidence de la République. Elle a donné, en premier lieu, les informations relatives au remaniement gouvernemental partiel et à la nomination de deux anciens ministres comme walis, jeudi dernier. Des informations qui ont été confirmées par les médias officiels plus tard. C’est aussi ce média proche du cercle présidentiel qui a donné l’information sur les changements opérés à la tête de la Garde républicaine et de la DSPP, vendredi. Et c’est toujours la même télévision qui donne aujourd’hui l’information relative au changement à la tête de la DSI (contre-espionnage). Toutes ces informations ont été confirmées par nos sources, mais après-coup. C’est dire que ce média a été choisi pour rendre publiques des décisions prises en très haut lieu que la Présidence ne veut probablement pas assumer officiellement. Du moins pas pour le moment. Ce n’est pas la première fois qu’on annonce de grandes décisions à travers des canaux non officiels. Nombreuses sont les nominations à de hautes fonctions ou les mises à la retraite qui ont été données par des médias privés sans jamais qu’elles ne soient annoncées par les canaux officiels. La présidence de la République a-t-elle opté pour la communication parallèle ? S’agit-il de fuites non organisées ? Qui a ébruité ces informations et dans quel but ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de communiqués officiels ? Les médias du gouvernement ont-ils été relégués à un second plan en leur préférant un média populiste ? Autant de questions qui resteront aussi floues que les raisons qui ont concouru à ces changements inopinés, semble-t-il.
Rafik Meddour