Des mots et des âges
Par M. Aït Amara – Le discours servi par les autorités suprêmes du pays a de quoi faire perdre leur latin aux linguistes et aux grammairiens les plus ingénieux. Y a-t-il un décalage entre la politique et la langue ou est-ce nous qui sommes incultes ? Depuis que nous entendons nos responsables politiques parler de «retraite» et de «passage du flambeau» aux nouvelles générations, nous commençons à douter des règles de conjugaison qu’on nous a apprises à l’école. Qui doit partir et qui doit remplacer qui pour que ce discours ne fasse pas une entorse à la sémantique ? Incapables de comprendre le langage du système qui remplace des cadres déjà pas très jeunes par d’autres encore moins jeunes, nous nous sommes alors référés au dictionnaire pour lever ce doute qui nous habite et vérifier si c’est nous qui ne comprenons pas ou si c’est le pouvoir qui se trompe d’âge. Les dictionnaires s’accordent à définir la jeunesse comme une catégorie qui «réunit une population mineure, généralement de moins de 18 ans, et majeure (…) généralement, y sont inclus les personnes allant de quinze à vingt-quatre ans». C’est une «période de la vie humaine comprise entre l'enfance et l'âge mûr». La vieillesse, elle, est «l'âge ultime de l'être humain, qui succède à l'âge mûr, appelé aussi par euphémisme "troisième âge" ou, parfois, "quatrième âge" au moment où on devient dépendant». Les dictionnaires nous expliquent qu’un premier palier commence vers l'âge de 65 ans, lorsque la plupart des personnes ont pu quitter la vie active, et qu’après 75 ans, «des signes de faiblesse physiques et des dérèglements physiologiques tendent à se développer». Quant à l’expression «passer le flambeau», elle signifie, toujours selon les dictionnaires, «laisser quelqu'un prendre en main une action déjà commencée». Qui croire, tous ces ouvrages de référence qui contiennent l’ensemble des mots d’une langue et dont nous nous servons tous les jours pour parler juste, ou nos dirigeants qui détiennent le pouvoir miraculeux de faire dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient et qui nous font croire que tout, hormis leur parole, est faux ?
M. A.-A.
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