De l’Irangate à l’Iranmania
Par Rabah Toubal – Sorties la tête haute des longues et âpres négociations qu'elles ont menées pendant plus de douze ans avec l'Agence internationale de l'énergie atomique, les autorités iraniennes sont en train de cueillir les fruits de la signature de l'accord gagnant-gagnant que le ministre iranien des Affaires étrangères a signé à Vienne avec le secrétaire d'Etat américain. Le périple que Jawad Darif a accompli, il y a deux jours, dans certains pays arabes du Moyen-Orient pour les rassurer sur les éventuelles retombées négatives de cet accord sur leur sécurité lui a permis de mesurer le degré de popularité exceptionnelle dont son pays jouit, notamment auprès des peuples brimés par des pouvoirs féodaux et totalitaires, dans ces pays où vivent de fortes minorités chiites sur lesquelles Téhéran a une influence réelle. Contrairement aux pays qui avaient opté, comme l'Algérie, pour une transparence totale dans leurs relations avec l'AIEA, à qui ils ont ouvert les portes de leurs installations nucléaires, l'Iran n'avait pas facilité la tâche aux experts et contrôleurs de l'AIEA. Ce qui lui a valu de lourdes sanctions de la part du Conseil de sécurité de l'ONU, des Etats-Unis et de l'Union européenne, qui avaient sérieusement entravé les finances, l'économie et l'industrie iraniennes et ont été déterminantes dans l'acceptation par l'Iran de l'ouverture de négociations qui ont finalement abouti à l'accord qui a été signé à Vienne, en Autriche, il y a quelques jours. En tout état de cause, la levée progressive des sanctions et le flux subséquent de capitaux vers l'Iran, plus de 100 milliards de dollars, vont sans aucun doute doper la machine économique et industrielle iranienne, qui fonctionnait au ralenti voire qui était en quasi-état de stase et faire de l'Iran une destination renouvelée des investisseurs étrangers, en ces temps d'après-crise mondiale. L'Iranmania, qui s'est emparée des médias, des hommes politiques et des hommes d'affaires étrangers présage d'une rapide relance de l'économie iranienne, dont les besoins sont considérables dans de nombreux domaines, surtout ceux qui ont été sévèrement touchés par les sanctions décrétées par les pays occidentaux. De l'Irangate à l'Iranmania, il faut vraiment être un authentique enfant de la Perse antique pour pouvoir accomplir un exploit semblable, à un moment où l'ennemi héréditaire, les monarchies du Golfe, souffrent d'une phobie quasi générale.
R. T.
Comment (17)
Les commentaires sont fermés.