La démocratie ou la ruine
Par Rabah Toubal – De l'Algérie au Yémen, quand ils ne sont pas des monarchies absolues, les vingt-deux pays arabes sont des dictatures militaires ou ethniques ou sous occupation étrangère, avec tout ce que cela suppose comme tares et limites pour les droits de leurs sujets ou ressortissants. Convoités pour leurs immenses territoires, souvent sous-peuplés ou pour leurs formidables richesses naturelles stratégiques et leurs fabuleuses ressources financières scandaleusement gérées et profondément minés par des maux et féaux sociaux graves, ils sont aujourd'hui pris en tenaille entre Israël, la Turquie, l'Iran et l'Etat dit islamique (Daech) que certains d'entre eux veulent instaurer en Irak et en Syrie, et leurs différents alliés qui voient en eux un espace vital à leur expansion militaire, industrielle et économique. En effet, dans un monde que la mondialisation et les nouvelles technologies de l'information et de la communication et la toile planétaire des réseaux sociaux ont transformé en village, où chaque «fermier» cherche à disposer de plus de terres afin d'assurer sa sécurité énergétique et alimentaire, forcément aux dépens de celle du voisin faible, les pays arabes, du fait précisément de la nature archaïque de leurs régimes, sont aujourd'hui très vulnérables et leurs défense et sécurité dépendent souvent de leurs puissants alliés étrangers qui profitent de leurs ressources, en contrepartie de leur protection contre leur ennemi intérieur – c'est-à-dire leur propre peuple – et extérieur. Lâchés par les Etats-Unis notamment, dont la doctrine du Grand Moyen-Orient et Afrique du Nord, GMENA, a été fermement confirmée, mardi dernier au siège de l'Union africaine, à Addis-Abeba, en Ethiopie, par le Président Barack Obama, qui n'a pas caché «la grande déception» de son pays concernant les pays arabes, certains parmi ces derniers ont connu, en 2011, un début de «printemps», hélas !, vite étouffé et réprimé dans le sang par les forces réactionnaires internes et l'Etat profond que ces régimes ont instauré des décennies durant. En tout état de cause, les conditions objectives qui ont provoqué des soulèvements populaires dans les pays touchés par le «printemps arabe» étant toujours réunies, voire même exacerbées, le processus de libéralisation des monarchies et dictatures arabes ne pourra que se poursuivre et se généraliser. Sinon, il sera pour divers prétextes substitué par des interventions et occupations étrangères aussi féroces et destructives que celles que plusieurs pays arabes ont connues depuis le début du XXIe siècle. De plus en plus isolés dans leurs palais-bunkers où ils vivent dans un luxe indécent, les dirigeants autoproclamés par la force et la fraude massive, cupides et obstinés, des pays arabes, ont donc le choix entre la démocratisation pacifique de leurs pays ou leur destruction et occupation violentes par des puissances étrangères, dans l'indifférence de leurs peuples, marginalisés, méprisés et humiliés, et de leurs jeunesses ballottées entre la drogue, l'émigration clandestine et le terrorisme islamiste.
R. T.
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