L’incurie flagrante
Par Houari Achouri – Le scandale de la maternité du CHU de Constantine a révélé le seuil intolérable et surtout inquiétant atteint pas l’incurie dans la gestion des affaires qui touchent à des aspects vitaux – le mot convient parfaitement dans ce cas – de la vie quotidienne des citoyens. C’est la seule explication plausible à la médiatisation de ce fait par la télévision publique qui en a montré les images plus que révoltantes. Cette malheureuse histoire a connu son épilogue avec la fermeture de l’établissement concerné et les sanctions contre les responsables fautifs. Mais l’éclaboussure a touché, d’abord, de façon surprenante, le secteur privé dont on a pu croire qu’il attendait d’être le grand bénéficiaire du fiasco de la santé publique que l’exemple de la maternité du CHU de Constantine était censé démontré. Des cliniques privées ont été fermées parce qu’elles travaillaient, nous a-t-on fait comprendre, en grande partie dans l’informel. Mais si peu de gens peuvent être surpris en prenant connaissance de la légèreté avec laquelle le privé fait prospérer son «business», en partant non pas de la motivation que créé le service public, mais de l’appât du gain à amasser, le choc a été par contre très fort en constatant que dans un centre hospitalo-universitaire qui appartient à l’Etat, la rigueur et le sérieux ont reculé, voire disparu, à ce point dans les pratiques des gestionnaires. A la suite de cette affaire, des circulaires ministérielles ont sans doute été envoyées aux gestionnaires pour les «instruire» de la démarche à suivre pour éviter que le cas de Constantine se reproduise ailleurs. Ces circulaires seront «classées» et vite archivées et on n’en reparlera plus jusqu’au prochain scandale si les conditions propices à sa médiatisation sont réunies (contexte politique de luttes au sommet, bonne diversion ou prélude à un quelconque règlement de comptes). Tant que le clientélisme et le piston continueront de protéger les privilégiés en leur évitant de rendre des comptes pour les décisions qu’ils prennent, la gangrène de la médiocrité poursuivra son œuvre de destruction de ce qui a été construit par l’élite algérienne, aujourd’hui marginalisée.
H. A.
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