La rente et les miettes
Par Meriem Sassi – La suppression de l'article 87 bis du Code du travail va permettre à près de deux millions de travailleurs de bénéficier à partir de ce mois d’août de revalorisations salariales. Mais ces hausses salariales avec effet rétroactif à compter du 1er janvier 2015, annoncées en grande pompe par le gouvernement, seront-elles vraiment d’une grande utilité pour leurs bénéficiaires, dans un contexte d’inflation galopante ? En effet, malgré les effets d’annonces dont il a le secret, le gouvernement sait pertinemment que ce ne sont pas les 2 000 ou 3 000 DA mensuels de plus qui vont permettre aux travailleurs des catégories inférieures de faire face au coût de plus en plus élevé de la vie. En définitive, beaucoup de bruit est fait sciemment autour de cette décision qui est pourtant d’ores et déjà définitivement et complètement caduque. Cela est d’autant plus dérisoire comparé aux augmentations de salaires qui ont touché les cadres supérieurs de l'Etat, à commencer par le Président, le Premier ministre, les hauts gradés de l'armée, les ministres, les députés, les présidents des différents conseils, etc., dès l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir. Une générosité qui s’est poursuivie sans aucune retenue ni logique économique grâce à l’embellie pétrolière. Des augmentations qui ont frisé l'indécence et qui ont poussé le pouvoir à faire montre ensuite d’un semblant de générosité envers les plus démunis, à grand renfort de propagande en distribuant des miettes aux millions de petits fonctionnaires, au lieu de s’atteler à combler réellement l'écart déjà immense qui existait entre les bas salaires et ceux des «nababs». Au lieu, surtout, de créer les bases solides d’une économie productive et d'investir dans des projets conséquents créateurs de richesses et d’emplois, et porteurs d’une croissance et d’une aisance financière et économique réelle qui ne fond pas comme neige au soleil dès l’effondrement des cours du pétrole. Pour s’assurer une paix sociale, le gouvernement a fait en sorte de vider les caisses et d’entretenir l’image de l’Etat mamelle en dilapidant la rente et en servant les plus nantis en premier.
M. S.
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